En même temps que les autorités hongroises s’emploient à faire disparaître les ONG qui l’empêchent de tourner en rond, elles favorisent leur remplacement par des « GONGOs », (government-organized non-governmental organization) comme on appelle ironiquement les ONG… soutenues par un gouvernement. « Ce sont des ONG, souvent liées aux églises, qui ont une base idéologique plus acceptable pour le gouvernement Orban », explique Reka Safrany, du Lobby des femmes. Elle cite l’exemple de Ficsak, une organisation, fondée par l’ex-adjoint au maire du district de Budapest, qui travaille sur l’équilibre travail/vie de famille « pas franchement avec la même conception des choses que nous. »
Pour la survie de la nation
Pour la chercheuse Andrea Peto, professeur de « gender studies » à la Central European University (CEU) de Budapest, nul doute que « tous les discours sur George Soros, les migrants et le genre visent à accroître le sentiment d’insécurité, afin que l’État puisse intervenir et se positionner comme le sauveur du peuple. » Le discours officiel est en effet on ne peut plus anxiogène : la mère hongroise qui procrée est célébrée comme la clé de la survie de la nation, menacée de déclin par son faible taux de natalité et de « grand remplacement » par les migrants. A contrario, le modèle de la femme libérée qui travaille et n’a pas d’enfant est perçu comme un danger existentiel.