Qui se souvient de Fernand Iveton ? Il fut pourtant le seul « Européen » condamné à mort pour « terrorisme » pendant la guerre d’Algérie. C’est son histoire que le romancier Joseph Andras raconte ici, en cent-trente pages déchirantes.
Ouvrier et communiste, Fernand grandit au Clos-Salembier, dans un quartier populaire d’Alger, où se mêlent populations arabe et européenne de milieux modestes. Né en 1926, il n’a pas vingt ans quand « des milliers de musulmans » sont massacrés à Sétif et Guelma. Ils fêtaient la Libération, croyant, à tort, que c’était aussi la leur. Hommes, femmes enfants, l’armée tire sur « tout ce qui bouge pour écraser la contestation ». A Fernand qui les interroge et les écoute, ses voisins arabes racontent « des histoires à ne plus dormir. Des gens brûlés vivants avec de l’essence, les récoltes saccagées, les corps balancés dans les puits, comme ça, on les prend on les jette ». Cette injustice là, il ne la supporte pas.