Alors que la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’amorce de la décolonisation ravivèrent la lutte pour les droits civiques et politiques des femmes, leur cause fut largement occultée, autant par les régimes coloniaux que par les gouvernements indépendants.
L’émancipation des femmes ayant été longtemps subordonnée à des intérêts politiques, les femmes sont restées une masse silencieuse dans l’histoire politique africaine. Centré sur les « pères » de la nation, le leadership et le pouvoir d’État se décline plutôt en termes et en atours masculins, comme en Europe d’ailleurs.
Les exemples du Kenya, de l’Afrique du Sud et du Liberia
Au Kenya, Jomo Kenyatta (premier président du pays indépendant) construisit son autorité en réactivant le mythe historique de son peuple Kikuyu, fondé sur l’inaptitude des femmes à gouverner. L’ouverture politique aux femmes s’est faite tardivement, notamment avec la percée de fortes personnalités, comme Charity Ngilu, qui rafla 7,89 % des voix aux élections présidentielles de 1997. Mise à mal sous le régime d’Uhuru Kenyatta en 2015 et rangées aux côtés de Raila Odinaga, Charity Ngilu fait désormais partie des premières femmes élues gouverneures lors des toutes récentes élections générales du 8 août 2017.
En Afrique du Sud, Nelson Mandela avait tenté de promouvoir une image nouvelle de l’homme, distinguant la dignité du guerrier et du militant qu’il fut de la violence inhérente à la distinction des genres sous l’apartheid. Jacob Zuma, dont la présidence est ponctuée de scandales sexuels et économiques, a réactivé une version patriarcale et traditionnaliste de l’autorité, dans le but de mobiliser le vote Zulu.