Cinq Africaines à suivre en 2019

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Avec l’aggravation de la crise anglophone dans l’ouest du pays, le terrorisme islamiste dans le nord et la reprise en main générale opérée par le régime après la réélection, en octobre, du président Biya pour un septième mandat, la vigilance de la Redhac sera encore utile aux Camerounais.

Kamissa Camara, diaspora gagnante

A 35 ans, Kamissa Camara a été nommée ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale dans le nouveau gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga. Diplômée en relations internationales et en économie politique, elle a fait ses études en France et aux Etats-Unis. Détentrice des nationalités américaine, française et malienne et d’un carnet d’adresses à la hauteur de son parcours, la trentenaire a pris la tête de la diplomatie malienne en septembre 2018 après la réélection, en août, du président Ibrahim Boubacar Keïta pour un second mandat.

La nouvelle cheffe de la diplomatie malienne, Kamissa Camara, à Bamako, le 22 septembre 2018.
La nouvelle cheffe de la diplomatie malienne, Kamissa Camara, à Bamako, le 22 septembre 2018. MICHELE CATTANI / AFP

Partie un temps faire carrière outre-Atlantique au sein de plusieurs centres de recherche et ONG spécialisés dans la sécurité, la bonne gouvernance et la diplomatie, elle avait créé en 2018 le cercle de réflexion Forum stratégique sur le Sahel.

Fattoum Nasser, les délices de Yummy

A tout juste 20 ans, Fattoum Nasser faisait partie des lauréats du concours d’entreprenariat organisé par le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’incubateur de la compagnie pétrolière bahreïnie Tatweer, pour la création de l’application Yummy, une plateforme de livraison de plats faits maison installée à Sebha, ville du centre de la Libye, et lancée début 2018.

La Libyenne Fatoum Nasser.
La Libyenne Fatoum Nasser. Twitter/Saddam Alrashdy

Un an plus tard, la petite entreprise (dont le nom signifie « délicieux ») s’est développée sur les réseaux sociaux grâce à une dotation de 80 000 dollars (71 500 euros). Elle livre désormais aussi les villes de Tripoli et Benghazi grâce à des dizaines de chauffeurs, et emploie onze personnes pour préparer les commandes. « On a commencé avec rien, on était tous bénévoles avec l’envie d’aider les gens », raconte volontiers Fattoum Nasser. En 2018, Yummy a remporté la troisième place aux Seed Stars, assortie d’un prix de 10 000 dollars pour continuer de se développer.

Amy Sow, peindre les voix des femmes

Depuis 2017 et la création d’Art Gallé, un lieu ouvert destiné à faire connaître les arts plastiques et les artistes dans la capitale mauritanienne, la peintre Amy Sow ne se lasse pas de travailler dans ce but, convaincue « qu’à travers l’art on peut changer beaucoup de choses ». Née en 1977 à Nouakchott, Amy Sow est « tombée » dans la peinture dans les années 2000. Comptant parmi les rares femmes de son pays à avoir choisi cette voie pour s’exprimer, elle raconte avoir dû « forcer ce chemin » alors que la Mauritanie ne compte aucune école des beaux-arts et que le rôle assigné à la femme y est encore circonscrit au foyer.

Amy Sow à Nouakchott, en Mauritanie.
Amy Sow à Nouakchott, en Mauritanie. Unicef

Depuis près de quinze ans, la plasticienne concentre son travail sur la figure de l’Africaine, « méprisée partout »« Je suis porteuse de voix, et mon but, c’est d’aider, de dénoncer, de crier s’il le faut. C’est à travers ma peinture que je peux mener cette lutte-là. » Après avoir constitué plusieurs collectifs d’artistes, participé en 2014 en tant que « costumière plasticienne » au film Timbuktu réalisé par son compatriote Abderrahmane Sissoko, Amy Sow est désormais l’une des rares Mauritaniennes à être exposée à l’extérieur de son pays.