Ce sont 73 réfugiés qui sont accueillis dans un centre provisoire d’hébergement. Ils participent à des ateliers d’insertion pour trouver un travail. Des ateliers auxquels peuvent aussi assister les habitants en situation de précarité.
Également directeur de France Fraternité, la structure qui gère l’insertion de quatre-vingts réfugiés (NDLR : qui ont un titre de séjour) installés dans un centre provisoire d’hébergement,à Bray-sur-Seine, dans la cité Briole, Emmanuel Marcadet est en train de mettre en place une initiative unique en France afin de venir en aide tant aux étrangers qu’aux « locaux » en difficulté. « Qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, les gens en situation de précarité ont les mêmes besoins, souligne le maire. On peut faire quelque chose pour que tous trouvent une place dans la société. Les associations comme la Croix rouge ou le Secours populaire pourront aiguiller les gens de la commune vers nous. »
Concrètement, dans ce « lab fraternel », les ateliers de retour à l’emploi organisés par France Fraternité, qui ont commencé ce mois-ci, sont ouverts aux réfugiés comme aux habitants du secteur. « Les problématiques de mobilité, de formation et d’accès à l’emploi sont les mêmes », confirme Pierre Henry, le président de France Fraternité et directeur général de France Terre d’Asile.
Vingt-cinq euros par jour et par réfugié
La structure a répondu à un appel à projets du gouvernement concernant la politique d’intégration. Pour mener à bien leurs objectifs, France Fraternité reçoit 25 euros par jour et par réfugié. « Cela doit couvrir le logement, sans APL je précise, les 50 euros par semaine que nous donnons aux réfugiés, la location de nos locaux, les salaires des huit employés », énumère Emmanuel Marcadet. « Notre rôle est de les accompagner dans les démarches administratives, de les emmener vers l’emploi. Nos ateliers vont leur permettre en premier d’apprendre à se présenter et à prendre la parole. »
Actuellement , ils sont 73 ( NDLR : pour une capacité maximale de 80 personnes) venus de 15 pays comme l’Iran, la Syrie, le Maroc ou le Tibet, seuls ou en famille, ils resteront neuf mois maximum sous les ailes de France Fraternité. « Souvent moins, car ils sont très volontaires », souligne Emmanuel Marcadet.
Le maire de Bray-sur-Seine se réjouit aussi de la réfection des bâtiments de la cité Briole. « Occuper une vingtaine d’appartements permet au bailleur de retrouver son équilibre, il va donc rénover la cité en entier, se réjouit Emmanuel Marcadet. On voit bien que tout le monde profite de l’accueil de réfugiés ».
Un pôle gynécologique sera aussi prochainement ouvert dans la cité avec l’aide de Gynécologie sans frontières. « Nous prendrons en charge les victimes de violences sexuelles, explique Richard Matis, le vice-président de l’association. Les femmes battues du secteur auront aussi accès à ces consultations et groupes de parole. Nous ferons aussi de l’éducation à la sexualité. »
« Ce modèle doit être reproduit dans d’autres communes », plaide Emmanuel Marcadet. « Non seulement nous avons créé huit emplois mais nous apportons des services à la population. »
Eenfin un peu de bonheur pour Ramatulaye
À 33 ans, Ramatulaye a enfin trouvé un peu de paix. Comme en témoignent encore ses bras et son visage, cette Mauritanienne a été frappée sans relâche par son cousin à qui elle a été mariée de force à 15 ans. Il y a deux ans, elle s’est extraite de l’enfer dans lequel elle vivait en payant un passeur. Elle a finalement obtenu un titre de séjour en France il y a deux mois. Pour vivre, elle compte sur l’argent que lui donne France Fraternité et sur les Restos du Cœur. Dans un français correct, elle avoue « s’ennuyer et avoir hâte de trouver du travail ». « J’aime faire la cuisine. Je n’ai jamais été à l’école, mais j’espère que je trouverai un emploi dans ce secteur, sourit malgré tout la jeune femme. J’ai très envie de réussir. Je commence à être heureuse. »