Les résultats du nouveau baromètre de la fraternité, que Le Parisien dévoile, sont plutôt réconfortants. Une large majorité des sondés estime que la diversité est une bonne chose, même s’ils avouent pour la plupart ne pas fréquenter des personnes différentes.
article de Vincent Montgaillard publié sur le site leparisien.fr, le 16 05 2019
Ce sont des petits signes d’ouverture qui font du bien à notre République ! Selon le deuxième baromètre de la fraternité que Le Parisien dévoile, et qui sera présenté ce mercredi, 81 % des Français jugent que la diversité est une « bonne chose », un pourcentage en hausse de 5 points par rapport à l’enquête de l’année dernière.
À en croire cette étude OpinionWay pour le Labo de la fraternité, collectif de 26 associations (Fraternité générale, Coexister, Unis-Cité, Fabrique Spinoza, Kawaa, La cloche…) œuvrant pour la cohésion sociale, la moitié des sondés (50 %, + 2 points) estiment que les Français sont aujourd’hui « prêts à échanger et agir avec des personnes dont les origines sociales, convictions religieuses ou origines ethniques sont différentes » des leurs. Enfin, même si la proportion demeure faible, plus d’un tiers (36 %, + 3 points) pense qu’on peut faire confiance à la plupart des gens.
Comment expliquer ce très léger frémissement de tolérance ? « Il montre la capacité de résilience de notre société. On a le sentiment d’être sorti de la période des attentats. La menace existe toujours, mais le climat est moins anxiogène. Les tensions et donc les peurs sont moins vives », décrypte le philosophe Abdennour Bidar, président de l’association Fraternité générale.
«Un contraste entre l’idéal et la réalité»
Seulement voilà, il existe toujours un fossé entre les paroles et les actes. Si, sur le principe, les Français considèrent la diversité comme enrichissante ; dans les faits, ils ne fréquentent que ponctuellement des personnes différentes d’eux-mêmes. « Ce mieux dans le ressenti général, c’est une chose. Mais l’envie de s’engager, de se mobiliser, c’est une autre. Il y a un contraste entre l’idéal et la réalité », analyse l’intellectuel.
Ainsi, de manière permanente ou fréquente, les Français ne sont que 46 % « à agir, organiser des actions, collaborer à un projet (sport, loisirs…) » avec des individus de générations différentes de la leur. Le pourcentage descend à 40 % avec des interlocuteurs issus de milieux sociaux différents, 36 % avec ceux ayant une couleur de peau différente, 34 % avec ceux ayant des convictions religieuses différentes, 31 % avec ceux ayant une origine ethnique différente, 28 % avec ceux ayant une orientation sexuelle différente et seulement 12 % avec ceux qui sont réfugiés.
Ils justifient cette faible fréquence des interactions, notamment par un manque d’occasions (46 %) et de temps (30 %). Pour encourager la rencontre des citoyens qui ne se croisent jamais, il faut, selon Abdennour Bidar, « casser la logique des ghettos, de séparation entre une France périphérique et une France intégrée, prospère, qui ne souffre pas ». « Il y a des quartiers en déshérence en France, des zones où la mixité est tellement absente. Les gens souffrent des inégalités. On se met à avoir peur de l’autre quand on a l’impression que notre société nous discrimine », observe-t-il.