Mouloud Mansouri est né en 1975, à Hyères (Var). Incarcéré de 1999 à 2008, il crée, à sa sortie, l’association Fu-Jo pour produire des concerts dans les prisons. Il est ainsi à l’origine de plus de 300 actions culturelles. Pour les 10 ans de Fu-Jo et afin de récolter des fonds, il organise un grand concert mardi, à Paris, avec Nekfeu, S-Crew, Cut Killer, Dinos… Interview réalisée par notre partenaire Playbac Presse
Qu’est-ce qui vous a poussé à créer l’association Fu-Jo ?
Mouloud Mansouri : J’ai voulu monter des concerts et des activités culturelles, comme des ateliers d’écriture, dans les prisons. J’ai purgé une peine de près de 10 ans. J’adore la musique. Or, l’absence de culture m’a beaucoup pesé pendant ma détention. Dans certains établissements pénitentiaires, il y a de petites bibliothèques ; dans d’autres, un chariot avec quelques livres. Les détenus qui ont les moyens s’achètent un poste ou une petite chaîne hi-fi. Mais globalement, ça ne va pas plus loin que les émissions de TF1.
En quoi est-il important de faire entrer la culture dans les prisons ?
C’est une ouverture, une fenêtre de liberté. Certains détenus ne sont jamais allés à un concert de leur vie ! Cela leur permet de s’intéresser à la culture, voire de s’y impliquer. Malheureusement, nous ne pouvons intervenir que dans cinq ou six prisons, alors que la France en compte près de 200.
Les artistes que vous contactez sont célèbres. Pourquoi ?
Nous voulons des « poids lourds », de vrais artistes, pas des chanteurs au rabais. Cette année, par exemple, nous avons eu Niska, Maître Gims, Nekfeu, Matthieu Chedid…
Comment êtes-vous financés ?
Les trois quarts des aides publiques dont nous bénéficiions ont été supprimées, nous avons failli tout arrêter. Les artistes viennent gratuitement, mais un concert coûte 5 000 euros ! Il faut payer le transport, les repas, le logement parfois, rémunérer des techniciens… Nous nous finançons grâce à des concerts comme celui de mardi prochain, salle Pleyel, à Paris.
Que pensez-vous de la récente grève des surveillants ?
J’aurais aimé que l’on parle aussi des conditions de vie dramatiques des détenus. On ne les aide pas à se réinsérer. Les prisons sont des oubliettes. On fabrique des gens féroces, qui sortiront avec la haine.
© Play Bac Presse – Audrey Nait Challal
Lien complémentaire : ce reportage de BFM sur une soirée de soutien à l’accosciation de Mouloud Mansouri organisée à Paris, salle Pleyel haut lieu de la musique classique…