Avec la propagation du variant Omicron, de plus en plus de soignants sont contaminés et arrêtés. A l’hôpital Avicenne de Bobigny, des collègues ont renoncé à leurs vacances pour les remplacer, malgré la fatigue psychologique.
article par Solenne Le Hen publié sur le site francetvinfo.fr, le 28 12 2021
À l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le Dr Julien Schmidt attend avec fébrilité le résultat de son test PCR. « Je tousse un peu, je ne suis pas très inquiet mais mes collègues ne sont pas rassurés », décrit-il. Si son test se révèle positif, il devra quitter son poste, le temps de l’isolement obligatoire. Or il est censé être de garde durant le week-end de la Saint-Sylvestre. Il craint de « faire peser une forte charge de travail supplémentaire sur les épaules de [ses] collègues, qui sont aussi des amis. Et je n’ai pas envie que ça arrive. »
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Alors que le nombre de patients en réanimation a dépassé les 3 300 le 27 décembre, un record depuis la fin mai, la propagation exponentielle du variant Omicron touche aussi les soignants. À l’hôpital Avicenne, deux des collègues du Dr Schmidt ont été testés positifs et sont cloîtrés chez eux.
Rappelée sept fois en trois semaines
Volontaire, Samira Chekaf, infirmière, a décidé de renoncer à une partie de ses vacances, pour remplacer une de ses consoeurs en arrêt pour Covid. Elle avait pourtant posé une semaine de vacances, pour être avec sa fille. « Mais vu qu’il manque du monde, j’avais prévenu que je pouvais revenir », explique-t-elle.
De même, Serap Bagci avait pris trois semaines de vacances, qu’elle prévoyait de passer tranquillement, chez elle. Elle a déjà été rappelée sept fois par l’hôpital pour des remplacements, pour lesquels elle est payée en heures supplémentaires majorées. « Je n’ai pas coupé du tout », résume l’infirmière.
« Psychologiquement, je ne suis pas du tout reposée. Ça fait deux ans qu’on est dans le Covid, et heureusement qu’il y a une bonne ambiance, parce que sinon, ç’aurait été très compliqué. » Serap Bagci, infirmière à l’hôpital Avicenne de Bobigny
C’est grâce à l’entraide au sein du service que Samira Chekaf estime tenir le coup. « On trouve des moments pour rigoler », glisse-t-elle, « c’est obligatoire ! S’il n’y avait pas les gens qui sont là aujourd’hui, je pense que je ne serais pas restée. »
L’ambiance de travail est fondamentale pour que tout le monde soit sur le pont, et puisse affronter la cinquième vague du Covid qui s’amplifie. Tout le monde est dans le même bateau, celui des volontaires « médecins, infirmiers, aides-soignants », décrit le Pr Yves Cohen, chef de la réanimation à l’hôpital, rappelant que dans ce type de service, « s’il n’y a pas de cohésion d’équipe, ça ne peut pas marcher. »