Il s’agissait du dernier groupe de femmes yézidies reçues en France dans le cadre d’un programme d’accueil mis en place à la fin 2018. Au total, 100 femmes et leurs enfants ont rejoint la France après un engagement en ce sens du président Emmanuel Macron auprès de Nadia Murad, Prix Nobel de la paix 2018 et elle-même ancienne victime de l’EI.
reportage de l’AFP publié sur le site lavoixdunord.fr, le 21 11 2019
«Vous êtes les bienvenus en France ! Vous allez voir, progressivement vos enfants vont aller à l’école, vous allez vous faire des amis. (…) Soyez chez vous», a déclaré le directeur du Centre de Crise du ministère des Affaires étrangères, Eric Chevallier, lors d’une brève cérémonie d’accueil à leur descente d’avion en provenance d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.
Les femmes, le regard parfois perdu, étaient accompagnées d’enfants souvent en bas âge, pour certains endimanchés, portant costume et cravate, comme pour mieux marquer l’instant présent. Des adolescents étaient aussi du voyage.
«Ce que nous avons vécu ces cinq dernières années est inimaginable. Aujourd’hui la France nous a ouvert les bras, nous ne pouvons qu’être reconnaissants», a raconté à l’AFP Turko, une jeune mère de famille de 30 ans. «La première chose que nous voudrions faire, c’est apprendre la langue, envoyer nos enfants à l’école, apprendre la culture française. Après, c’est nos enfants qui décideront ce qu’ils veulent faire de leur vie», a-t-elle ajouté.
Esclaves sexuelles
Parmi les femmes accueillies en France, certaines ont été esclaves de l’EI et ont aujourd’hui du mal à se réintégrer dans la société yazidie. D’autres ont dû fuir leur zone d’habitation lors de l’avancée de l’EI, perdant la plupart des hommes de leur entourage, et sont aujourd’hui très isolées avec leurs enfants.
Pour Giovanni Cassani, responsable de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Erbil, qui a fait le voyage avec les familles, «il y a beaucoup d’attentes, (…) d’un côté la difficulté de quitter leur pays d’origine, leur famille, leur village mais d’un autre aussi l’excitation de recommencer une nouvelle vie dans un nouveau pays et avec plein d’opportunités».
Pour des raisons de sécurité, l’identité et la destination des réfugiés, longtemps persécutés par l’EI et qui craignent encore aujourd’hui pour leur vie, n’ont pas été rendues publiques.
Vivant dans les coins reculés des montagnes du Kurdistan irakien, dans le nord de l’Irak, les Yazidis sont une minorité kurdophone adepte d’une religion ésotérique monothéiste.
En août 2014, leur sort a basculé lorsque l’EI s’est emparé d’un tiers de l’Irak, notamment du foyer historique des Yazidis sur les monts Sinjar. Les jihadistes ont tué des hommes, transformé en enfants-soldats les plus jeunes et condamné des milliers de femmes aux travaux forcés et à l’esclavagisme sexuel.