En 2002 Eminem formulait la critique la plus cinglante de “l’Amérique blanche”

Le clip, lui, est du même acabit : en fin de vidéo, on y voit notamment une Amérique au bord de la ruine, des avions militaires survolant Washington et un président, matérialisé ici par un cochon tiré par des ficelles, tenant un discours devant la Maison-Blanche pendant que deux jeunes urinent à ses pieds. Visionnaire ?

Si l’intention est salutaire et finement réfléchie, on pourrait rétorquer qu’elle n’a rien de foncièrement originale : la plupart des rappeurs ont pour habitude de produire des titres pour dire du mal de leur pays, de la classe politique, des autres rappeurs et parfois d’eux-mêmes. Sauf que, comme souvent avec Eminem, tout paraît toujours plus extravagant. Plus maitrisé également : sans forcément atteindre les sommets des morceaux réunis sur The Slim Shady LP et The Marshall Mathers LP, White America se veut en tout cas plus politique, comme une déclaration d’amour à tous ces Américains qui sentent chaque jour un peu plus le sol se dérober sous leurs pieds, à ces Blancs issus de la classe ouvrière dont Eminem est le parfait représentant, à cette population qui, victime de la désindustrialisation massive, de la précarité et des délocalisations votera en majorité pour Trump une quinzaine d’années plus tard.

“J’ai remué de la merde toute ma vie, maintenant je la déverse”