«Ça suffit ! Tous égaux, tous alliés. » La nouvelle campagne de l’Éducation nationale pour dire non à l’homophobie et à la transphobie a été lancée lundi au lycée Hector-Guimard, à Paris. Des affiches seront distribuées dans les collèges et les lycées, ainsi que des guides pour les enseignants. La nouvelle campagne de lutte contre l’homophobie et la transphobie au collège-lycée insiste sur le respect des autres et l’entraide.
Contexte :
1-Avant la Révolution, l’homosexualité était un crime puni de mort en France (jusqu’en 1991). 2-La loi a longtemps discriminé les personnes homosexuelles. Les choses ont changé à partir des années 1980 : majorité sexuelle à 15 ans, et non 18 (1982), union civile (1999), mariage et adoption (2013). 3-Aujourd’hui, la loi punit les propos haineux en raison de l’identité sexuelle ou de l’orientation sexuelle. Cela peut entraîner, selon les cas, des peines allant jusqu’à un an de prison et 45 000 euros d’amende.
« Seul tort de ces enfants : être nés différents ou pauvres »
Comprendre
• « Pédé », insulte banalisée. Les insultes homophobes sont courantes dans les cours de récré, dès l’école primaire. « Traiter quelqu’un de pédé, c’est banal pour nous. On l’entend tous les jours. Et ça ne s’adresse pas forcément à un gay », avoue Peter, 18 ans, élève du lycée Guimard. Dans cet établissement d’enseignement professionnel situé dans un quartier populaire, la lutte contre l’homophobie existe depuis des années, à travers des affiches, des ateliers, des interventions de bénévoles de SOS Homophobie. « Ces insultes ne doivent plus être banalisées. C’est une agression, une souffrance pour celui qui les subit », répond Djebril. Cet ancien élève du lycée a reçu, en 2018, un prix de l’académie de Paris pour son clip dans le cadre du concours « Non au harcèlement » (pic.twitter.com/rgkj7bqpbK). Cheveux longs, lissés, ongles rouges, il enchaîne calmement : « L’homophobie, le racisme, la grossophobie, tout ça, c’est du harcèlement. Ce n’est pas juste une plaisanterie. C’est dévastateur. » • Lutter contre les clichés. « Les LGBT souffrent à cause de la haine, et pas à cause de leur homosexualité ou transsexualité, rappelle Joël Deumier, président de SOS Homophobie. Nous dialoguons avec les élèves et nous tentons de démonter les clichés. Ils sont nombreux ! » Notamment, ce que doit être un « vrai » homme ou une « vraie » femme, par exemple. Le cliché du gay efféminé est souvent reproduit par automatisme ou ignorance. « On doit réfléchir, se remettre en question, remarque Maxime, 18 ans. Il y a aussi ce qu’on te dit dans ta famille. Chez moi, je ne peux pas parler de tout. Il faut parfois dépasser les opinions de ses parents, de ses copains… » Pour Djebril, « plus on parle, plus on explique, plus on fait changer les mentalités. Et plus on s’y prend tôt, mieux c’est ». Les lycéens sont peut-être mieux placés que les adultes pour sensibiliser les collégiens, comme l’ont suggéré plusieurs élèves : « Cela facilite les discussions, sans tabous. » Une idée approuvée par l’Éducation nationale. • Non à la loi du plus fort. Jean-Michel Blanquer, le ministre, considère que cette campagne de lutte contre l’homophobie « est nécessaire mais pas suffisante ». L’ouverture d’esprit passe aussi par la musique, la littérature, le cinéma, tout ce qu’il y a en dehors de l’école et qui a une influence. Il souhaite qu’un état d’esprit positif, le respect, l’écoute, l’entraide remplacent la loi du plus fort. « Il faut aller voir les personnes harcelées, les soutenir en groupe, recommande-t-il. Le but n’est pas que tout le monde se ressemble. On doit s’accepter les uns les autres. On est tous différents. Et chacun doit se sentir à l’aise à l’école. » Stéphanie Lelong
MOTS CLÉS
Homophobie Haine des homosexuels, préjugés et discriminations dont ils sont victimes. LGBT Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s et Transgenres. Ouverture d’esprit Fait d’être compréhensif et tolérant envers des idées différentes des siennes.
Transphobie Haine envers les transgenres, c’est-à-dire les personnes exprimant une identité de genre (féminin, masculin…) différente de leur sexe biologique.
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CHIFFRES CLÉS
1 650 témoignages de violences contre les LGBT ont été recueillis par SOS Homophobie en 2017 (+ 4,8 % par rapport à 2016). En 2017-2018, l’association a sensibilisé 27 000 collégiens et lycéens.
7 sur 10 C’est la part des ados LGBT qui affirment avoir eu une « très mauvaise » ou « mauvaise » expérience dans leur scolarité : insultes, échec scolaire, peur d’aller à l’école… (enquête Ifop, 2018).
18 % des lycéens ou étudiants LGBT déclarent avoir été insultés au cours des 12 derniers mois
(enquête Ifop, 2018).