Anna était originaire de Dakar, au Sénégal, mais incarnait la génération de troisième culture. Voici comment elle décrivait une vie de voyage et de découverte :
Je vis aujourd’hui aux Pays-Bas (La Haye est ma 12e ville de résidence et les Pays-Bas mon 8e pays). J’ai passé mon adolescence en Éthiopie et ma fille est née aux USA. Son père est français avec des origines italo-siciliennes. Moi-même je suis née en Bretagne d’un père sénégalais et d’une mer à moitié guinéenne. Ma mère est née en Guinée et mon père vient de Guinée-Bissau.
Les hommages à son travail inlassable se multiplient en ligne, signe de l’empreinte qu’elle a laissée sur les observateurs des médias en ligne. Elle disait que Twitter était sa plate-forme préférée pour le militantisme. La concision de ce média correspondait bien à sa personnalité active mais pudique. Elle a maîtrisé les “twitterstorms” avant que les twitterstorms soient à la mode. Mais sa voix se faisait aussi entendre sous la forme rare mais percutante de ses articles longs. Comme sa démolition de la description récurrente mais erronée des conflits africains comme dérivant tous de “tensions ethniques” :
Dans la plupart des cas, les Africains n’avaient que très peu allégeance à ce qui peut désormais être considéré comme une « tribu » selon des critères objectifs de la génétique, de l’homogénéité linguistique ou culturelle dans une région géographique donnée. Les groupes ethniques sont en grande partie un héritage colonial, qui ont émergé comme des instruments pour contrôler les personnes et se partager leurs ressources.