Il y a trois ans, Omar Nahhas, réfugié syrien est arrivé en France sans parler un mot de français. En juin, il a fini major de sa promo pour le concours de la Paces, option Dentaire, dans l’académie Metz-Nancy.
De son passé en Syrie, il ne dira rien, volontairement. « Le risque qu’il y ait des conséquences est faible… mais je ne veux pas le prendre » Un silence qui en dit aussi long qu’un récit de sa vie jusqu’à ce qu’il quitte Damas, avec ses parents et ses deux frères. D’autant que la vie d’Omar Nahhas est désormais en France, où il a posé le pied en juin 2016. Comment ? Il ne s’étendra pas non plus sur son itinéraire , encore à dessein. L’ombre de potentielles représailles.
Le Syrien alors âgé de 15 ans ne parle pas un traître mot de français, mais « trois mois plus tard, je rentrais en première scientifique, avec un an de retard sur les autres élèves ». Et 15 ans de retard pour le vocabulaire, la grammaire, l’orthographe. Ajouté à cette lacune logique le fait qu’il ne soit « pas doué pour les matières littéraires », sa scolarité dans l’Hexagone ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices.
C’était sans compter sur « le soutien et la générosité de personnes qui m’ont aidé à intégrer le lycée Cormontaigne et à apprendre le français ». Tant et si bien que la magie de la persévérance a opéré. « J’ai été jeté dans les études en français comme on jette un enfant qui ne sait pas nager dans une piscine ! » Au bout de trois mois, il est plus à l’aise, sans pour autant tout comprendre : « Les gens parlent très vite, ici » Certains profs le prendront sous leur aile, d’autres… de haut. « Ce que j’aimais bien, c’était ceux qui ne faisaient pas d’effort particulier pour moi en me traitant justement comme un élève normal »
Son incroyable talent
À ce détail près qu’Omar n’est pas un élève normal, et on ne parle pas ici de son statut de réfugié politique. Doué d’incroyables capacités d’assimilation, il parle aujourd’hui avec une pointe d’accent, certes, mais mieux que bien des jeunes de son âge nés en France. « Je continue d’apprendre beaucoup de mots, chaque jour », élude-t-il humblement quand on évoque son niveau linguistique.
Il apprend aussi et surtout dans les disciplines scientifiques et, après avoir décroché l’an passé un bac S mention bien avec 15 de moyenne, il intègre un cursus pour décrocher la Paces (Première année commune aux études de santé). 106e sur 2 200 élèves en décembre dernier à l’issue du premier semestre, il réalise l’exploit (« En perdant 5 kg au passage, à cause du stress ») de finir major de sa promo dans la spécialité Dentaire. « Je me suis aussi inscrit en option médecine, sans suivre les cours. Il y avait des similarités avec les matières vues en tronc commun » Résultat : il sort 160e pour cette seconde spécialité.
À la rentrée, il poursuivra son cursus à Nancy pour devenir, à l’issue de six années d’études, orthodontiste : « J’aime l’idée de faire des appareils dentaires : c’est interdisciplinaire. Un mélange de physique, médecine et mécanique » Et comme rien ne l’arrête…
Du bon usage de la tolérance, avec Claude Habib