Peurs et promesses : l’affiche de J.M. Flagg recèle donc un ensemble de ficelles symboliques et narratives qui en font un véritable instrument de propagande.
Malheureusement, l’affiche se révèle décevante ; elle ne semble pas éveiller les passions patriotiques. En effet, les possibilités propagandistes de notre image sont quelque peu desservies par un texte, certes, direct et compréhensible, mais maladroit « I want you for U.S. army » ; l’emploi des pronoms manque un cheminement rhétorique classique : « je, tu… nous » qui mêle l’un et l’autre en un « nous » et qui, autrement dit, gomme l’altérité au profit de l’identité. Ici, il en est autrement : il y a l’Oncle Sam d’un côté ; il y a le spectateur de l’autre. Les affiches britanniques, plus sensibles, prenaient soin de ce dernier : « Your country needs you » ou encore « Join your country’s army ».