Présidentielle. Parole à la jeunesse vannetaise.

À neuf jours du premier tour de l’élection présidentielle, nous sommes allés à la rencontre des jeunes Vannetais pour prendre la température. On les dit parfois désabusés, désintéressés par le débat politique. Pas vraiment une réalité. Musique dans les oreilles, assis en tailleur ou sac en bandoulière, sur l’esplanade du port, parole à la jeunesse.

La langue de bois est restée à la maison. Ici on parle cash, vrai, sans se défiler. Joli mercredi après-midi de mars, sur l’esplanade du port de Vannes. Les lycéens sont nombreux à profiter de l’une des premières belles journées du printemps, profitant de leur temps libre pour passer du bon temps entre copains. L’élection présidentielle qui se profile, bien sûr qu’ils la suivent, mais à des degrés bien différents. Entre ceux qui vont voter pour la première fois et ce qui vont devoir patienter encore quelques années, les avis sont tranchés. « Moi les scandales, ça m’a dégoûté », balance Louis, en seconde à Lesage. « J’ai l’impression que plein de gens vont voter par dépit, plus que par conviction », surenchérit Ewen, 15 ans, assis à ses côtés.

Cannabis, vote blanc et montée des extrêmes

Même s’ils ne voteront pas cette année, la petite bande n’oublie pas d’avoir son avis sur la question. Au menu : « la dépénalisation du cannabis », « la montée des extrêmes », « le vote blanc ». Et il suffit de les lancer sur la question de l’élection pour que la discussion s’emballe. « On en parle en cours, surtout en histoire-géo, raconte Félix, dans la même classe que ses voisins de muret à Lesage. Moi je trouve que les profs n’ont pas à donner leur avis mais on sent quand même leur avis. Les cours sur la Révolution, sur l’histoire de France, je trouve que ça permet de donner un peu un contexte à pas mal de sujets actuels ». À quelques enjambées, du petit groupe, une dizaine de lycéens font vibrer les pavés de l’esplanade à base de musique électro et de rires à peine étouffés. Au premier rang, Gaétan, 19 ans, qui votera pour la première fois. Ou pas. « Moi je m’en fous de la politique, tacle d’emblée le jeune homme. Ça ne changera rien que je vote ou non. Chaque candidat a ses défauts et j’ai l’impression qu’il n’y en a pas un qui est vraiment à l’écoute du peuple. Personnellement, je n’ai pas envie de donner mon vote à l’un d’entre eux ».

Les réseaux sociaux, source numéro un

Qu’ils puissent ou non voter lors de cette élection, bon nombre d’entre eux ont quand même un avis sur la question. « Je me dis aussi que c’est le président qui sera en place quand je vais être majeure, quand je vais peut-être chercher mon premier boulot ou des études supérieures donc je trouve important de m’y intéresser ». Mais comment se faire une idée, un avis concret sur les candidats. « Je regarde les sites des médias nationaux, la télé aussi et Internet, glisse Alan, lycéen à Lesage. Sur les réseaux sociaux, et particulièrement Facebook, il y a plein de liens vers des articles. Souvent, c’est ce qui fait le buzz qui amène la discussion ». À ses côtés, Romane, en terminale à Saint-François-Xavier votera pour la première fois. Elle a décidé de se faire son propre avis. « Je ne sais pas ce que mes parents votent et ça ne me regarde pas, lance la jeune femme d’entrée de jeu. J’essaie de tout saisir mais j’ai plus l’impression que c’est un vote contre quelqu’un que pour un candidat, c’est dommage. Ils sortent presque tous de la même école. Parfois, on a l’impression qu’ils sont là pour leur argent ». Pour elles, l’élection présidentielle, ce sera pour 2022. N’empêche que Bérangère, Chloé et Amandine, en seconde à Notre-Dame-Le Ménimur, ont décidé de mettre le nez dès aujourd’hui dans les programmes.

« Beaucoup de programmes, beaucoup de candidats »

« Au collège, je n’ai jamais entendu parler de politique, glisse Bérangère. Je trouve que c’est important de m’y intéresser dès aujourd’hui même si je ne vote pas. Sinon, quand tu arrives à 18 ans, tu n’es pas forcément prêt, alors que voter, c’est une vraie responsabilité ». Si les filles ont appris à débattre politique en classe, notamment via les cours d’EMC (éducation morale et civique), elles ne se sentent pas prêtes à donner leur avis sur les réseaux. « Tu es repris assez vite, du genre  » Pourquoi tu mets ça, ça veut dire que tu es contre telle et telle chose « , raconte Chloé. Je n’ai pas envie de rentrer dans ces débats-là ». Pour elles aussi, les échanges entre candidats ont été « confus. Il y a beaucoup de programmes, beaucoup de candidats, répond Amandine, à qui revient le mot de la fin. À notre âge, on peut facilement s’y perdre. Et je n’ai pas l’impression qu’on nous parle directement ».