L’établissement accueille des personnes lourdement handicapées, dont l’état de santé nécessite une surveillance et des soins constants. Il y a cinq mois, l’infirmière et le docteur Pion attendent à la MAS une ambulance qui doit transporter un patient présentant un handicap sévère vers l’hôpital de Cherbourg. Dans le bureau des infirmières, le médecin partage alors ses réflexions sur la place dans la société «des neuneus» hébergés au sein de l’établissement. Pendant quarante minutes, le généraliste développe sa réflexion. Il aborde le sort réservé aux handicapés et aux homosexuels par le régime nazi. Le médecin évoque leur extermination. Jean-François Pion explique alors à son interlocutrice que «les nazis ont pris les individus qui ne servaient à rien dans la société», détaille le magistrat rapporteur. Face à l’infirmière, perplexe, il ajoute que seuls ceux qui ont servi de cobayes «ont été utiles, de cette façon». Pour le généraliste : «Si on parle de façon intellectuelle, c’est logique.»
«Cyanure»
A la barre, l’homme est sûr de lui, confiant. Il rappelle qu’aucune faute ne lui a jamais été reprochée «en vingt ans de service». Les propos en question ? Des paroles «cyniques, désabusées et philosophiques» tenues sous le coup de la fatigue. Son avocat, Thomas Baudry, rappelle que son client est l’un des fondateurs de l’antenne cherbourgeoise de SOS Médecins. Surtout, les allusions à l’extermination des handicapés auraient été faites «dans un cadre privé», insiste son conseil.