Comment Lunel est devenu « djihad city »

Marianne : Entre novembre 2013 et décembre 2014, plus d’une dizaine de jeunes de Lunel sont partis nourrir les rangs de Daech en Irak et en Syrie. Presque 1 habitant pour 1000, écrivez-vous. La plupart sont morts. Quelle est la situation sur place aujourd’hui ?

Jean-Michel Décugis : Il y a des choses qui ont changé. Au niveau de la mosquée par exemple, la mosquée Al-Baraka (accusée d’avoir été dans un premier temps complice des départs, ndlr). Les responsables ont mis beaucoup de temps à trouver un imam qui tienne vraiment la route, qui parle français notamment – c’était l’un des reproches. Aujourd’hui c’est le cas. Quand nous avons fait notre enquête en 2016 il n’y avait plus d’imam, les pratiquants avaient déserté la mosquée, il ne restait que les plus radicaux. C’est donc une vraie nouveauté. L’État a également mis les moyens. Lunel a presque été mis sous tutelle, il y a d’ailleurs toujours un sous-préfet qui est nommé, chargé entre autres de faire la médiation entre les différents acteurs.