Le serment de Tajma3t, ou l’expression d’une laïcité ancestrale en Kabylie

Si en matière de laïcité, la France constitue une spécificité en Europe, la Kabylie constitue une exception dans le monde musulman. La publication sur  « Hal open science » de la recherche  » Célia Hadi La laïcité dans l’espace géographique français et l’espace géographique kabyle » en témoigne.

Ce document de référence offre un accès éclairé à la laïcité « à la française » et  permet de croiser les regards avec la laïcité « à la Kabyle »  résumée ici par l’anthropologue Nedjima Plantade :

« Dans la structure du village kabyle, les pouvoirs politiques et religieux sont séparés. L’assemblée du village Tajmat (le Conseil du village) est une véritable institution. Elle est  « une autre illustration de la protolaïcité endogène de la société kabyle. Tajmat constitue un remarquable espace de débat laïc sur les affaires de la Cité. Les discussions de la Tajmat concernent la gestion réelle et concrète des affaires du village et ne dévient pratiquement jamais dans le domaine théologique »

Le résumé de la recherche, ici :

Dans une Algérie reconnue comme arabo-musulmane, la Kabylie se distingue par ses particularités historique, culturelle, sociale et religieuse, mais particulièrement par ses revendications laïques. Ce travail de recherche sur la question de la laïcité tend à dégager les conditions sociales, culturelles, historiques et religieuses qui ont construit la spécificité française et la singularité kabyle, appliquée dans ces deux espaces géographiques aux spécificités différentes, voire opposées pour certaines d’entre elles. En se basant sur une recherche qualitative basée sur des entretiens semi-directifs auprès de membres de la communauté kabyle connue pour son soutien au principe de laïcité, cette recherche se propose de saisir les regards croisés de ces derniers dans le contexte d’origine et le contexte d’accueil et donc de faire émerger un comparatif. En plus de comprendre comme s’est construite la laïcité, l’exemple de la France et de la Kabylie, nous permet de comprendre comment se déploie le débat sur la laïcité au sein d’une communauté culturelle, dans deux espaces géographiques totalement paradoxaux, dont l’un est complètement sécularisé et l’autre exclusivement religieux.