Ces approches sont contre-productives. D’abord pour des raisons pragmatiques de leviers de pouvoir. On ne peut pas faire avancer la cause des minorités ethniques sans soutiens dans « la majorité blanche ». De la même manière qu’on ne fait pas progresser les droits des femmes sans des hommes acquis à la cause féministe, et qu’on ne conquiert pas de nouveaux droits pour lespersonnes LGBT [lesbien, gay, bi, trans] sans alliés cisgenres hétérosexuels.
Nous avons abandonné le champ de bataille des luttes contre les discriminations aux franges les plus radicalisées
Mais surtout, ces choix politiques de lutte antiraciste sont contraires au sens de l’histoire de notre République et à la réalité de nos luttes collectives pour le progrès humain depuis plus d’un siècle. J’allais dire que ces choix politiques sont voués à l’échec. Mais peut-être pas. Car je n’exclus pas qu’une partie des promoteurs du concept de privilège blanc et des organisateurs de manifestations dites « racisées non mixtes » soient parfaitement conscients de ce qu’ils font : ils veulent pousser la République dans l’engrenage de l’identitarisme et donc du séparatisme.