Le président, comme le prévoit la loi, l’informe de ses droits :
« Vous avez le droit de répondre aux questions du tribunal ou de garder le silence. » Puis il se reprend : « Euh… pardon… je voulais dire… enfin bref, c’est votre droit. » Samir a beau être muet, il compte bien clamer son innocence.
Les faits sont extrêmement simples : dans ce dossier, c’est la parole des policiers contre les dénégations du prévenu. Pas de preuve, pas de témoin. Une sacoche ouverte, un Algérien au regard louche, rien de plus. Par l’intermédiaire de l’interprète, Samir se défend : « Pourquoi est-ce que j’aurais volé, j’ai du travail, je ne vois pas pourquoi j’aurais fait ça. »
« Vous avez le droit de garder le silence »
S’il réalise régulièrement des travaux de bricolage, l’enquête de personnalité révèle une existence extrêmement précaire. Depuis quatre ans, il vit sans papiers. Comme il n’a pas de document, il ne touche aucune aide. Sa compagne ne travaille pas non plus, atteinte d’un cancer. Ils vivent comme ils peuvent de la générosité de quelques amis, de petites tâches et des allocations de Madame.