Dans Gehenne, vous campiez un terroriste au purgatoire qui voit ses croyances et, surtout, ses préjugés voler en éclats. Comme pour Djihad, vous faisiez suivre les représentations par un débat avec le public. Ces échanges ont d’ailleurs donné la matière de votre dernier livre**. Que retirez-vous de cette expérience ?
Ces cinq années passées sur les routes de France à présenter ces textes ont été un vrai bonheur. J’ai aimé voyager dans ce pays, découvrir que s’y expriment des cultures différentes, mais qui façonnent une identité commune. C’est quelque chose d’unique quand on vient de Belgique, comme moi, de prendre conscience des spécificités bretonnes ou basques et de se dire que ces peuples ont beau avoir des identités très fortes, ils n’en font pas moins partie de la grande nation française. Grâce aux pièces que nous avons jouées partout dans ce pays, nous avons fait des rencontres exceptionnelles : des éducateurs, des jeunes, des élus, des policiers et même des gardiens de prison. Il faut dire que nous avons joué partout. Au final, ce sont plus de 900 000 personnes qui ont vu ces spectacles. C’est parce que j’avais peur d’oublier les riches moments d’échange qui ont suivi chacune des représentations que je me suis mis à écrire ce livre en forme de journal intime. J’ai ensuite eu envie de partager ces instants magiques avec le plus grand nombre.
Il ressort de tout ça que c’est un sujet du royaume de Belgique qui défend le mieux la République française. C’est piquant !
(Rires). Je ne connaissais pas grand-chose à la France avant d’y débarquer en 2015, mais je dois dire que la découverte de votre pays a été pour moi une révélation. La laïcité, c’était tout à fait nouveau pour moi. La Belgique a une autre position vis-à-vis des religions : elle se veut neutre, mais pas laïque. C’est très différent.
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