Holocauste : « Chaque nom compte », devoir de mémoire à l’ère numérique

Les noms des victimes du nazisme s’égrènent devant l’ambassade de France à Berlin, une vitrine de l’initiative « Every Name Counts », « Chaque nom compte » pour numériser en ligne les archives Arolsen.

article et reportage par Kate Brady

Ce 27 janvier est la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. A Berlin, des milliers de noms résonnent et se projettent sur la façade de l’ambassade de France à Berlin. Tout un symbole de l’amitié franco-allemande retrouvée après des décennies d’hostilités. Derrière chaque nom se trouve une histoire, derrière chaque histoire une vie fauchée par le régime nazi. Juifs, homosexuels, Roms, opposant politique, tous ont été victimes de l’Holocauste. Cette installation souligne le devoir de mémoire dans une société où les tensions s’exacerbent.

« Les limites sur ce qu’il est acceptable de dire se déplacent. Nous connaissons de plus en plus de haine et d’incitation à la haine, non seulement sur les réseaux sociaux et dans la sphère numérique, mais aussi ici dans la rue. Il suffit de penser aux attaques comme celles à Hanau et à Halle. Et c’est pourquoi il est, bien sûr, particulièrement important de se rappeler que la haine et l’incitation à la haine, l’antisémitisme et le ressentiment ont conduit : à l' »Holocauste » », explique Monika Grütters, Commissaire du gouvernement pour la culture et les médias .

Immense projet collaboratif en ligne
Cette installation lumineuse n’est que le début d’un gigantesque travail collaboratif qui vise à numériser des millions de documents, un projet intitulé « Every Name counts », « Chaque nom compte ».

« Le projet « Every Name Counts » et propose une nouvelle forme de culture du souvenir, c’est une manière de la renouveler. Dans le cadre de cette initiative, chacun peut recueillir des données sur une personne qui est une victime, et être confronté à cette personne et à son destin », explique Florence Azoulay, directrice des Archives Arolsen.

Un simple enregistrement en ligne, permet à n’importe qui à travers le monde d’aider à numériser des millions de documents issus des Archives Arolen.

« Hier, j’ai pu enregistrer le nom et les données d’une femme, une Française, qui vivait dans la même ville que celle où je suis née. Et vous vous demandez : que s’est-il passé ? Quelle est l’histoire de cette personne ? Voilà pourquoi c’est un bon projet. Il s’adresse aux gens du monde entier. Tout le monde peut y participer et trouver la passerelle vers une histoire plus vaste », témoigne Anne-Marie Descôtes, ambassadrice de France en Allemagne

Les survivants de l’Holocauste sont chaque année moins nombreux à pouvoir témoigner de leur histoire. A l’ère du numérique, le projet « Every name counts » espère apporter sa contribution au devoir de mémoire en Allemagne. Pour que chaque nom retrouve sa place dans l’histoire