Pourquoi « Get Out », le dernier carton d’Hollywood, est bien plus qu’un simple film d’horreur

« Il y a eu un moment où, quand je rencontrais les parents de ma copine, j’étais nerveux parce qu’elle ne leur avait pas dit que j’étais Noir », a raconté Jordan Peele, cité par The New Yorker, également auteur du scénario de Get Out. « Il s’agit bien de terreur. Et je ne l’avais jamais encore vu exprimée de la sorte », à travers le prisme de l’horreur, poursuit-il.

Une chroniqueuse de Slate résume le film ainsi : « un classique instantané sur l’hilarant cauchemar que constitue le fait d’exister quand on est Noir ». De l’exaspération ressentie face au racisme ordinaire, à ses expressions les plus brutales (violence, esclavage…), le film met le projecteur sur les peurs qui parcourent la société noire-américaine, rarement exploitées au cinéma. Parmi elles : la peur d’avoir à faire face à la police, alors que les meurtres de jeunes Noirs non armés par les forces de l’ordre, ont fait la une de l’actualité ces dernières années. Une blessure noire, mais universelle, que l’on retrouve en France à travers les affaires Adama Traoré, Théo ou encore Zyed et Bouna.

Parce qu’il ne laisse personne indifférent

Mais attention, Get Out n’est pas un film destiné à une communauté, relèvent encore les critiques. En conviant des couples mixtes à voir le film ensemble, The New York Magazine propose une foule de points de vue – Noirs, Blancs, Hispaniques, Juifs ou Maghrébins –, sur le long-métrage, vécu tantôt avec embarras, plaisir, terreur ou méfiance. Et avec indifférence ? Jamais. Les témoignages recueillis illustrent tous la stupéfaction : pour les Afro-américains, celles de voir une profonde angoisse ainsi formulée à l’écran. Pour les Blancs, celles de la prise de conscience d’un racisme insidieux qu’ils peinent à repérer et donc, à reconnaître.