Le coït étant nécessaire à la fécondation, ils en ont conclu que c’était les hommes qui mettaient les enfants dans les femmes. Pour avoir des fils, et prolonger l’espèce, il leur fallait donc des femmes à disposition. Des femmes dont il fallait s’approprier le corps car il importait que personne ne leur vole le fruit qu’ils y avaient mis. Des femmes sur lesquelles ils pouvaient aussi capitaliser, puisque ne pouvant pas coucher avec leurs sœurs, en vertu de l’interdit de l’inceste, ils pouvaient au moins les échanger contre les sœurs des autres hommes. Ainsi s’est créée une société parfaitement inégalitaire où la mainmise sur les corps et les destins des femmes a été assurée, au fil du temps, par des privations (d’accès au savoir et au pouvoir) et par une vision hiérarchique méprisante.
On ne peut pas nier une différence de stature physique qui accentue la vulnérabilité de la femme.
Même cette dysmorphie a été construite ! J’ai une jeune collègue qui a travaillé sur ce sujet et elle montre que toute l’évolution consciente et voulue de l’humanité a travaillé à une diminution de la prestance du corps féminin par rapport au masculin. Depuis la préhistoire, les hommes se sont réservé les protéines, la viande, les graisses, tout ce qui était nécessaire pour fabriquer les os. Alors que les femmes recevaient les féculents et les bouillies qui donnaient les rondeurs. C’est cette discordance dans l’alimentation – encore observée dans la plus grande partie de l’humanité – qui a abouti, au fil des millénaires, à une diminution de la taille des femmes tandis que celle des hommes augmentait. Encore une différence qui passe pour naturelle alors qu’elle est culturellement acquise.
Comme le serait la répartition sexuelle des tâches et des rôles dans la société.
Evidemment ! Pourquoi le fait de mettre des enfants au monde entraînerait-il l’obligation pour les femmes de faire le ménage, les courses, la cuisine et d’entretenir un mari ? Je ne perçois ni la logique ni le rapport. Il a fallu qu’intervienne toute une série de raisonnements, de croyances, de pensées multiples pour organiser cette répartition qui n’a rien de naturel.
Les évolutions médicales, comme la procréation médicalement assistée (PMA), chamboulent-elles les constructions mentales que vous évoquez ?
Voyons, la vraie révolution, c’est la contraception ! Pour la première fois de l’histoire de l’humanité, les femmes peuvent choisir si elles veulent ou non procréer, quand, combien de fois, avec qui. Elles redeviennent sujets à part entière.