« Le fact-checking vérifie
une information déjà diffusée »
Jean-Marie Charon, spécialiste de l’étude des médias et du journalisme, t’explique ce qu’est le fact-checking, et ses conséquences.
Les faits
Début février, le journal Le Monde a lancé Décodex, un site de fact-checking. Il y a quelques jours, CrossCheck, un autre outil de vérification d’informations, sur lequel travaillent 37 rédactions, a été mis en place en partenariat avec Google et avec le soutien de Facebook.
L’expert
« Le fact-checking est le fait de vérifier une information déjà diffusée dans différents médias. Le premier site de fact-checking est PolitiFact, créé aux États-Unis en 2007. C’est une agence constituée de personnes spécialisées dans la vérification des faits. Le principe est de revenir sur des chiffres ou des déclarations faites et reprises dans les médias (ex. : des discours d’hommes politiques) et d’en donner une interprétation ou de les vérifier. Si une information est fausse, le site fournit les preuves ayant permis de le démontrer. Le fact-checking a été beaucoup utilisé ces derniers mois, lors de l’élection présidentielle américaine, et en vue de l’élection présidentielle en France. »
Sources*
« En journalisme, un fait n’ayant qu’une seule source n’a pas de valeur. Le journaliste doit “croiser ses sources” : il vérifie l’information, et il la valide en consultant des documents, des chiffres, des manuels scientifiques… Les non-journalistes peuvent avoir différents motifs pour partager des infos inexactes : certains le font par méconnaissance du sujet. D’autres, parce qu’ils ont mal interprété un fait, à cause de leurs croyances, de leur religion, de leur idéologie**… (ex. : des personnes relaieront des informations liées aux migrants et s’en serviront pour justifier leurs idées racistes). Enfin, certaines personnes diffusent des fausses informations volontairement, pour provoquer un désordre ou tromper les autres. »
Politique
« Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le développement du fact-checking n’empêche pas les hommes politiques d’utiliser des faits inexacts… Ils comptent sur le fait que leurs propos ne seront pas forcément vérifiés par tous les journalistes. Et leur réaction face à un média faisant du fact-checking est souvent de dire qu’il s’agit en fait d’une opinion parmi d’autres, et non d’une information. Les hommes politiques espèrent également que la plupart des citoyens ne penseront pas à vérifier leurs paroles. »
Valérie Petit