Les démonstrations des conspirationnistes ne résistent évidemment pas à une analyse sérieuse. Par contre, elles jouissent d’un certain pouvoir de persuasion, notamment du fait qu’elles exploitent un large éventail de biais cognitifs humains, tel que celui qui nous incline à voir l’effet d’une intentionnalité derrière chaque événement, ou celui qui nous conduit à inférer la présence d’un lien de causalité entre deux phénomènes concomitants – c’est le fameux « Comme par hasard ! » des complotistes.
Par ailleurs, des chercheurs ont souligné le fait que certaines théories du complot fonctionnent comme d’authentiques discours politiquesémanant d’« entrepreneurs en complots », dont des politiciens extrémistes. En désignant un ennemi et en légitimant tous les moyens de lutter contre lui, ces théories du complot servent d’outils de mobilisation à des agents qui se perçoivent comme des « acteurs faibles du jeu politique ».
Un discours qui séduit les individus fragilisés socialement
Les discours politiques complotistes sont particulièrement susceptibles de séduire des individus qui se sentent précarisés ou menacés socialement. Ces derniers peuvent en effet y trouver une grille interprétative du monde qui confère un sens à leur situation et désigne une cause unique aux injustices dont ils pensent – à tort ou à raison – être victimes.