Alors que l’association AMI, pilier de l’aide aux migrants à Nantes, est aux abois, financièrement parlant, Yves Pascouau, élu nantais de la majorité, souhaite que l’État ouvre le droit au travail pour les demandeurs d’asile, sitôt le dépôt d’une demande de titre de séjour.
article par Yan Gauchard ublié sur le site ouest-france.fr, le 18 07 2022
Les dés sont jetés. Sauf miracle, l’association AMI (Accompagnement migrants intégration), pilier de l’aide aux exilés à Nantes, va définitivement fermer ses portes à la fin du mois de juillet 2022 après 16 ans de bons et loyaux services. La liquidation financière de la structure, qui compte sept salariés et épaule 1 400 personnes, devrait être ordonnée par le tribunal ce mardi 19 juillet. Dans la quasi-indifférence générale des pouvoirs publics.
« Accorder le droit au travail aux migrants sitôt le dépôt de leur demande d’asile »
Les finances de l’AMI ont plongé dans le rouge après que l’État a décidé d’annuler le versement de crédits initialement promis dans le cadre d’un programme d’actions dédié aux réfugiés et aux exilés bénéficiant d’un titre de séjour, pour cause de non-respect des objectifs fixés et utilisation non conforme des fonds alloués. L’association revendique en effet d’apporter également son aide, et des contrats de travail en bonne et due forme, à des demandeurs d’asile, dont la situation juridique n’est pas tranchée. Ce qui a déclenché la colère de l’État.
Plusieurs dirigeants de PME (petites et moyennes entreprises), qui s’appuient sur les travailleurs adressés par l’association, ont rédigé des lettres de soutien aux autorités. Mais ces courriers sont restés sans effet. « L’association est incontestablement un acteur clé du milieu économique maraîcher »,prévient Patrice Rouillard, patron de La Fraiseraie du lac, à La Chevrolière. En avril, 380 migrants ont participé à la cueillette du muguet. Et de nombreux viticulteurs espèrent accueillir une soixantaine de saisonniers lors des prochaines vendanges.
« Rôle essentiel »
S’il reconnaît le rôle essentiel de l’association AMI, Yves Pascouau, élu nantais de la majorité, délégué à l’Europe, aux gens du voyage et aux migrants, fait valoir que la Ville, qui met notamment des locaux à disposition de la structure, ne peut pas se substituer à l’action de l’État. Il précise que la collectivité n’a pas été saisie d’un dossier de demande de subvention exceptionnelle de la part de l’AMI.
Selon Yves Pascouau, les difficultés rencontrées par l’association soulèvent une question de fond, se résumant ainsi : Pourquoi est-ce que l’État français refuse que les demandeurs d’asile puissent exercer une activité économique dès le premier jour du dépôt de leur demande de titre de séjour ?.
« Aucune règle européenne n’empêche les États d’accorder le droit au travail pour les demandeurs d’asile », souligne l’élu nantais. C’est donc au législateur d’agir pour permettre à ce public d’avoir une activité économique.
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« Paix sociale »
Une position partagée par Valérie Oppelt, élue nantaise (majorité présidentielle) et ancienne députée de la circonscription. Cette dernière a tenté de défendre le dossier de l’association AMI auprès du gouvernement. Sans succès.
« On sent que le contexte politique se durcit vis-à-vis des demandeurs d’asile et le climat de la rentrée risque d’être difficile, » s’alarme Catherine Libault, présidente de l’association, inquiète des conséquences que risque de générer la disparition d’une structure contribuant à la paix sociale.