La présidente de l’association Afghanes de France, Chela Noori, revient pour France fraternités, sur la situation des femmes afghanes.
Votre association s’appelle Afghanes de France. Pourquoi ce titre et que voulez-vous signifier à travers lui ?
Ce nom est avant tout un hommage aux femmes afghanes. Nous avons voulu placer leur voix, leur courage et leur dignité au cœur de notre action. Être « Afghane » aujourd’hui, c’est porter une histoire de résistance, d’éducation, de culture et de liberté souvent réduite au silence.
En ajoutant de France, nous affirmons aussi notre double appartenance : celle d’une diaspora qui participe pleinement à la société française tout en restant profondément attachée à son pays d’origine. Notre association est un pont entre ces deux mondes : la solidarité ici, l’espoir là-bas.
Et au fond, toutes les femmes sont des Afghanes — car partout dans le monde, elles se battent pour leur dignité, leur liberté et leur droit à exister pleinement.
Concernant le rapport de l’OFII sur la communauté afghane en France, qui évoque une immigration masculine, peu diplômée et peu intégrée aux normes occidentales, notamment sur les relations hommes/femmes – qu’en pensez-vous ?
Il faut d’abord comprendre le contexte de cet exil. Beaucoup d’Afghans qui arrivent en France ont traversé la guerre, la perte, la route, la peur. Ils ne viennent pas chercher le confort, mais la sécurité et la dignité.
Oui, la migration afghane est souvent masculine, parce que ce sont les hommes qui partent d’abord, avec l’espoir de faire venir ensuite leur famille. Cela ne signifie pas qu’ils refusent de s’intégrer, mais qu’ils doivent d’abord survivre, apprendre la langue, comprendre un nouveau monde.
L’intégration demande du temps, de l’écoute et du respect mutuel. Les Afghans veulent apprendre, travailler, contribuer — mais ils ont besoin d’être accompagnés, pas jugés.
Quant à la question des relations hommes/femmes, je crois que c’est justement là que la France peut jouer un rôle essentiel : en montrant par l’exemple, en ouvrant le dialogue. Le changement ne se décrète pas, il se construit, pas à pas, dans la rencontre et la confiance.
Les nouvelles d’Afghanistan sont très inquiétantes, notamment pour les femmes. Que pouvez-vous nous en dire et que pouvons-nous faire de concret à vos côtés ?
La situation des femmes en Afghanistan est aujourd’hui tragique. Elles ont été effacées de la vie publique : plus d’école, plus de travail, plus de voix. Et pourtant, elles continuent de résister, souvent dans l’ombre — en enseignant clandestinement, en écrivant, en témoignant malgré la peur.
Elles sont le cœur battant de la liberté afghane.
En France, notre rôle est de porter leur message, de ne pas laisser le silence s’installer. À travers nos événements culturels, nos galas, nos rencontres, nous essayons de faire entendre ce cri étouffé.
Ce que chacun peut faire, c’est simple : s’informer, venir à nos actions, parler d’elles, relayer leur combat. Parce que tant que nous continuerons à dire leurs noms, elles ne seront pas oubliées.
Aider les femmes afghanes, c’est défendre les droits de toutes les femmes.