Le bilan contrasté des actes racistes, antisémites, anti musulmans et anti chrétiens en 2017

le bilan officiel du Service central du renseignement territorial (SCRT) de la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP).

L’analyse de Laurent Joffrin, directeur de Libération

« Les chiffres de l’intolérance »

Racisme en hausse ou en baisse ? Les derniers chiffres collationnés par le ministère de l’Intérieur sont ambigus. Le nombre total d’actes racistes, anti-musulmans ou antisémites a diminué (-16%) ; mais les actions violentes ont augmenté. Il faut bien sûr nuancer les commentaires : ces chiffres dépendent aussi des déclarations introduites auprès de la police, qui peuvent varier d’une année sur l’autre. Relativisons…

On peut pourtant tirer deux trois leçons de ces chiffres, recoupés par d’autres enquêtes.

En moyenne, et contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, les actes racistes au sens large ne connaissent aucune flambée en France, malgré les attentats ; ils ont plutôt tendance à diminuer. Les enquêtes d’opinion sur l’intensité des préjugés racistes dans la société confirment cette tendance. On lit parfois dans la presse de droite (Valeurs actuelles notamment), que nous sommes au bord de la guerre civile, que les relations entre communautés sont exécrables et angoissantes. Les chiffres globaux montrent plutôt le contraire. Les actes violents recensés tournent autour d’une centaine par catégorie. Chacun d’entre eux est insupportable. Mais au total, le chiffre reste contenu. Ceux qui décrivent la France comme «un pays raciste» ne sont pas sérieux.

Les actes anti-musulmans diminuent, mais restent une réalité très préoccupante, qui exige une réaction sans faiblesse de la part des autorités.

Les actes anti-juifs violents sont ceux qui progressent le plus. Ils sont parfois sous-estimés pour une raison statistique évidente. En valeur absolue, ils sont à peu près équivalents aux actes anti-musulmans. Mais c’est une fausse égalité : il y a dix fois moins de juifs en France que de musulmans. Les agressions, en proportion, sont donc dix fois plus fréquentes pour la communauté juive.

Ce qui nous conduit à une réalité délicate à évaluer : il existe un antisémitisme d’extrême-droite, toujours actif, mais aussi un antisémitisme émanant des milieux musulmans intégristes, qu’on retrouve dans certains prêches ou dans la littérature saumâtre qui circule sur le Net et qui réactive des préjugés anciens. Ce n’est pas faire injure à la masse des musulmans que de le dire et de s’en inquiéter.