Le procès des attentats de 2016 à Bruxelles s’ouvre mercredi dans la capitale belge. Depuis 2018, le groupe « Retissons du lien » fait de la prévention contre la radicalisation et tente de soigner les blessures intimes de tous ceux que ces attaques ont concernés.
article par Angélique Bouin publiés sur le site francetvinfo.fr, le 30 11 2022
Sandrine Couturier était dans le métro bruxellois ce 22 mars 2016, à quelques mètres seulement du kamikaze. Elle s’en sort miraculeusement, mais souffre depuis de troubles de la mémoire et de stress post-traumatique. « Les attentats ont vraiment détruit en moi tout ce qui était de l’ordre de l’optimisme, de l’insouciance et quand même, quelque chose de l’ordre de comment est-ce qu’on fait société ensemble », confie Sandrine.
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Le 22 mars 2016, trois kamikazes se font exploser en pleine heure d’affluence à l’aéroport et dans le métro de la capitale européenne faisant 32 morts, plus de 340 blessés. Près de sept ans après, le procès des attentats de Bruxelles s’ouvre mercredi 30 novembre avec le tirage au sort des jurés. Les débats débuteront formellement lundi 5 décembre. Dix hommes, dont Salah Abdeslam, sont jugés. Un procès fleuve, en marge duquel le groupe citoyen Retissons du lien va proposer des rencontres et un accompagnement à la fois aux victimes mais aussi aux familles des accusés.
C’est son désir de comprendre et de faire bouger la société qui mène Sandrine Couturier, via le groupe « Retissons du lien« , à rencontrer Saliha Ben Ali. Le fils de Saliha, parti en Syrie en 2013 à l’âge de 18 ans et mort sur place. Comme beaucoup de mamans à l’époque, elle n’a rien soupçonné. « Quand il est parti, ça a été le choc, raconte Saliha. On n’a pas su d’abord où il était pendant quatre jours. Et quand il a pris la parole via Messenger pour dire qu’il était au Sham, je ne savais même pas ce que c’était. Je lui ai dit : ‘C’est quoi cette discothèque ? Je viens te chercher.’ Il me répond : ‘Maman, tu ne comprends pas, je suis en Syrie.' »
« Je rentrais chez moi pleine de remords »
Via le collectif, les deux femmes témoignent régulièrement en duo dans les écoles pour sensibiliser les jeunes et lutter contre la radicalisation. Toutes deux interviendront en marge du procès avec un message : il faut aller vers l’autre pour agir ensemble. Sandrine envisage même de rencontrer les parents du kamikaze du métro. On peut, dit-elle, réunir l’impensable : « Est-ce que tout ce qui nous oppose, nous oppose ou est-ce qu’il y a des points de rencontres ? S’ils sont réceptifs, il y a peut-être moyen de faire quelque chose ensemble. »
Rencontres, ateliers… Le collectif va proposer plusieurs espaces d’échanges à tous ceux qui vont suivre les audiences. Un soutien qui a manqué à Saliha lors du procès par contumace de son fils : « Je rentrais chez moi, j’étais complètement lessivée, culpabilisée, pleine de remords, pleine d’angoisses par rapport à l’éducation que j’avais donnée à mon fils. Mais j’aurais aimé qu’on puisse m’aider à l’époque de cette manière-là. »
Leur groupe va aussi proposer, avec l’aide de professionnels, un espace de justice réparatrice. Ce dispositif belge qui établit un dialogue entre victimes et accusés en marge des procès. L’objectif, c’est de résoudre les conflits, d’apaiser parfois, de réparer et de réintroduire du lien dans la société.
Leur groupe va aussi proposer, avec l’aide de professionnels, un espace de justice réparatrice. Ce dispositif belge qui établit un dialogue entre victimes et accusés en marge des procès. L’objectif, c’est de résoudre les conflits, d’apaiser parfois, de réparer et de réintroduire du lien dans la société.