Dans les supermarchés du quartier, il m’arrive régulièrement, en choisissant des articles sur une étagère, d’entendre des Blancs râler derrière moi parce que je suis dans un lieu qu’ils considèrent comme le leur. Parfois, ils font des remarques désobligeantes en afrikaans – une langue [créée par les colons néerlandais] que je ne suis pas censée comprendre – sur la “gêne” que j’occasionne.
Souvent, quand je pénètre dans une boutique de luxe, le propriétaire ou une employée viennent vers moi avec un regard préoccupé, comme si j’étais entrée par erreur ou que je ne comprenais pas dans quel genre d’endroit je me trouvais. Quand je demande un article, ils m’indiquent souvent le prix, alors que je ne l’ai pas demandé. Ou alors ils me suivent sans dire un mot dans tout le magasin et me lancent des regards furtifs, se voulant à la fois discrets et dissuasifs.
“Métro ou métro plus ?”
Ils considèrent, chers lecteurs, que je n’ai sans doute pas les moyens pour payer de tels articles et que je souhaite me les approprier par des moyens illégaux – pour dire les choses poliment.