Je vis dans une ancienne banlieue [où vivaient exclusivement des Blancs sous l’apartheid] située au nord du Cap et, au bout de quatorze ans, mes voisins continuent à jeter des coups d’œil furtifs par-dessus le mur pour contrôler ce que nous manigançons, ma famille et moi. (J’ai l’impression d’être constamment en liberté surveillée. Un simple écart et je pourrai dire au revoir au quartier !)
Après tout ce temps, nous restons des intrus. Plus de dix ans après l’avènement de la démocratie [en 1994], mon jeune frère, que j’hébergeais pendant ses études, a été arrêté par des agents de police en vadrouille et interrogé sur ce qu’il faisait dans le quartier.
Ils veulent parler à la “maîtresse de maison”, c’est pourtant moi
Lorsqu’un inconnu frappe à ma porte pour solliciter un don, vendre un article ou m’informer d’une promotion, il est fréquent qu’il me dise vouloir parler à la “maîtresse de maison”. Un agent immobilier m’a même demandé d’appeler ma patronne.