A Calais, «les policiers riaient en me frappant»

Même pas un verre d’eau aux enfants

«Ce qui nous marque, en plus du reste, c’est que les autorités caricaturent notre travail», dit Vincent De Coninck, chargé de mission au Secours catholique. «On nous dit : « en donnant à manger, vous faites le jeu des passeurs, donc vous mettez en danger les réfugiés ».» La logique du «point de fixation» peut aller loin. «Les CRS m’ont empêchée de donner à boire à des enfants de 2 et 5 ans à 8h15 ce matin», nous racontait lundi Adèle (1), retraitée de Boulogne-sur-Mer, et bénévole à l’association Salam. «On sert des petits-déjeuners aux migrants depuis plusieurs mois. Vendredi, les gendarmes nous ont dit que la distribution était interdite entre 9 heures et 18 heures. Ce matin [lundi, ndlr], les policiers nous ont dit que c’était interdit. Je leur ai demandé l’autorisation de donner de l’eau, c’était non. Et pour une petite famille qui vit dans un conteneur, un couple afghan et leurs trois enfants de 2, 5 et 7 ans, j’ai dit : « Même pas un verre d’eau aux enfants ? » Le policier a répondu : « eux comme les autres ».»