Après l’agression au couteau de deux femmes dimanche 18 octobre 2020 au pied de la Tour Eiffel, le parquet de Paris a retenu le caractère raciste parmi les chefs d’accusation.
article par Simon Louvet publié sur le site actu.fr, le 21 10 2020
Le parquet de Paris a élargi le motif de l’enquête ouverte après l’agression survenue près de la Tour Eiffel, dimanche 18 octobre 2020. D’abord ouverte pour violences volontaires, l’enquête englobe désormais le caractère raciste présumé de l’agression.
Deux femmes avaient été sérieusement blessées par deux autres, dimanche soir, après que les deux premières aient demandés qu’un chien soit tenu en laisse. Ce motif avait suscité une vive altercation, des insultes dont au moins une raciste, puis des coups de couteau.
Au moins une insulte raciste lors de l’agression
Les deux femmes suspectées d’avoir commis les faits ont été placées en garde à vue : l’une le soir-même, car interpellée sur place ; l’autre mardi. Le parquet de Paris indique que « les deux mises en cause » seront présentées mercredi à un magistrat instructeur.
Dans son témoignage à Checknews, l’une des deux victimes indiquait que l’altercation avait débuté à cause de « deux chiens qui se sont dirigés vers nous » : « Les enfants ont pris peur. Ma sœur, voilée, a demandé aux deux femmes s’il était possible de garder leurs chiens auprès d’elles parce que les enfants avaient peur. »
Hanane, témoin de l’agression, a expliqué son déroulé. Elle détaille les propos jugés racistes qui ont été tenus : « Elles ont parlé de nos voiles, nous ont demandé de rentrer chez nous et nous ont dit qu’on était des sales arabes. »
« Ma cousine a subi des choses atroces »
Les coups de couteau ont été assénés après l’échange verbal, les agresseuses présumées refusant de tenir les chiens en laisse. Le voile d’une des victimes a été arraché lors de l’échauffourée. Hanane a précisé le nombre de coups de couteau reçus par les victimes.
Elle a tailladé Kenza au niveau du visage, qui n’a pas réalisé que c’est un coup de couteau. J’ai éloigné mes enfants. Ma sœur me dit qu’elle m’a plantée. Elle a été tailladée au niveau du poignet, une plaie de 10 centimètres, elle a eu un tendon coupé. Ma cousine a subi des choses atroces, elle a été poignardée à six reprises, elle a été touchée au poumon, elle est toujours hospitalisée.
Hanane , témoin de l’agression et proche des victimes
Selon la jeune femme, l’intervention d’un vendeur à la sauvette a permis de neutraliser l’une des deux agresseuses, la seconde prenant la fuite. Les policiers sont arrivés ensuite : « Ils ont été impeccables, on les a remerciés à la fin », indique Hanane.
Toutefois, au commissariat, elle affirme que « les policiers ont pris notre déposition en tant que témoin mais quand j’ai demandé à porter plainte pour injure raciale on m’a pas pris en compte, on n’a pas pris ma déposition ». Elle a déposé une nouvelle plainte mercredi.
« Violences volontaires » aggravées par trois circonstances
Ces faits ont conduit le parquet de Paris à requalifier le chef d’accusation retenu « par le magistrat instructeur », confirme-t-il à actu Paris mercredi après-midi. Le chef d’accusation retenu est donc celui de « violences volontaires ayant entraîné une incapacité de travail de plus de huit et de moins de huit jours », des violences « aggravées par trois circonstances : la réunion, l’usage ou la menace d’une arme » et « les faits ayant été précédés, accompagnés ou suivis de propos portant atteinte à la considération de la victime ou d’un groupe de personnes dont fait partie la victime en raison de leur appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, nation, race ou religion déterminée. »