Roubaix : sous prétexte de la pandémie, la mosquée Sunna ferme ses portes aux femmes

Mardi dernier c’était l’Aïd El-Kébir. Pour les musulmans un moment très fort dans leur foi.  Mais devant la mosquée Sunna de Roubaix, à l’Alma, des invectives se sont fait entendre, peut-être aussi fort que la prière. La cause : quelques quelques dizaines de femmes, qui protestaient contre le fait de ne pas pouvoir exercer le culte, justement lors de ce jour si particulier.

article par Marc Grosclaude  ublié  sur le site lavoixdunord.fr, le 21 07 2021 

« Nous ne sommes pas des musulmans de seconde zone », s’emporte Lisa (nous avons changé son prénom à sa demande). Il y a eu des mots, certains plus hauts que d’autres. Le président de la mosquée Sunna, Saïd Dhamani, est venu parlementer, sans succès. « C’est dommage qu’au XXIe siècle il y ait encore ce genre de mentalités. Quelle image donne-t-on de notre religion ? », s’indigne la jeune femme, qui n’est pas une habituée de la mosquée Sunna.

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Dans la salle de prière, la distanciation a fait perdre les deux tiers des emplacements.

La jauge impose deux tiers de fidèles en moins 

Kamel Amrane, le vice-président de Sunna et qui a assez peu goûté les propos qui ont été tenus mardi, précise les choses : « Ce n’est pas une question d’exclusion. C’est un problème de place. » Car depuis l’irruption du Covid, « tout ce qui a permis d’endiguer la pandémie, on l’a fait. Et cela a commencé par la distanciation. Or avec 4 m² par personne dans la mosquée, nous avons perdu 60 % des emplacements. » Capable d’accueillir jusqu’à 2500 fidèles, dont environ
600 femmes dans la salle qui leur est dédiée, la mosquée ne peut plus ouvrir la mosquée ne peut plus ouvrir ses portes qu’à 800 fidèles.

« Il est préférable qu’elles prient à la maison »

Or, « pour le vendredi et les grandes fêtes, l’obligation du culte, c’est pour les hommes » Et, complète  l’imam Hamid Debdouche, Coran et hadit à l’appui :«surtout en cas de pandémie : pour les femmes, venir à la mosquée, c’est facultatif. Il est préférable qu’elles prient à la maison. » Mais pour Lisa, qui ne remet pas en cause la priorité pour le vendredi, « le jour de l’Aïd est une exception, le Prophète a ordonné que l’on vienne à la mosquée. » Une lecture qui n’est pas celle de Sunna.

La salle de prière des femmes est occupée par les hommes depuis le début de l’épidémie.

Voilà pourquoi, depuis des mois, plus aucune femme ne vient y prier et que l’espace qui leur est dédié est occupé par les hommes. « Quand l’épidémie a commencé, nous avons dit aux femmes, que, du fait du Covid, on ne pouvait pas prendre tout le monde. Ma mère, mes sœurs, mes nièces me disent qu’elles aimeraient revenir mais elles le comprennent », assure Kamel Amrane.

 Les femmes pourraient revenir en septembre

« Les habitués, complète Mohamed Miloudi, le trésorier de l’association, qui viennent chez nous, le savent. Quant aux autres, si cela les dérange, elles peuvent aller ailleurs ! » Et tous les vendredis « on dit que, malheureusement, nous
sommes désolés, nous n’avons pas assez de place même pour les hommes. Quand la jauge est atteinte, on ferme les portes. Il est là le problème. Et peut-être si cela va mieux, il faudra attendre septembre pour que les femmes puissent revenir », espère le vice-président de la mosquée …