Pour Hanane, le plus dur est l’exclusion du groupe : « Depuis que j’ai retiré mon voile, beaucoup de sœurs ne veulent plus me parler. Je les trouve hautaines et injustes, car cela peut arriver à n’importe qui d’enlever son voile. Quelques rares sœurs me répondent, mais ce n’est plus comme avant. » Alexia a longtemps remis son voile en rentrant dans sa cité du 93. Puis elle a fini par tout enlever en modifiant ses fréquentations : « Ma vie a commencé à changer quand je me suis inscrite dans une salle de sport ce qui m’a permis de sortir des réseaux sociaux salafistes qui étaient ma seule source de socialisation avant. Puis j’ai trouvé du boulot et là j’ai définitivement dit adieu à mon passé. » C’est justement à son travail qu’elle a rencontré l’homme avec qui elle se marie à la fin du mois. Il n’est pas musulman et le mariage aura lieu à la mairie, une initiative impensable pour cette femme qui haïssait les institutions françaises. Elle m’a demandé d’être son témoin.
Un goût amer
Avec le recul, aucune des deux femmes ne parle de sa « sortie » du niqab comme d’une libération. Elles gardent un goût amer de cette expérience. Elles disent avoir été convaincues à un moment donné de leur vie de l’importance de se voiler intégralement et y avoir trouvé des avantages. Alexia croyait ainsi atteindre la perfection musulmane et donner un sens à sa vie. Elle imaginait rencontrer l’homme pieux et vertueux qui la sortirait de sa condition de mère célibataire. Pour Hanane, il s’agissait de panser les plaies d’une adolescence déchirée par la névrose familiale et les placements en foyer. Toutes deux ont utilisé le niqab comme revanche.