L’événement a été perturbé par une dizaine de militants d’extrême droite qui ont réussi à s’introduire brièvement dans la salle où était organisé la vente. « Génération Identitaire ! L’argent aux Parisiens, pas aux clandestins! » ont-ils scandé pendant quelques minutes en déployant une banderole portant le même slogan, avant d’être évacués sans ménagement et sans incident.
« Des grands amoureux de Paris »
Lors de cette vente, 150 « grappes » et quinze morceaux de grilles du Pont des Arts recouvertes de cadenas étaient proposées aux amateurs comme Francy Blackwood qui avait, « il y a six ans, accroché un cadenas » et voulait ramener « un morceau de Paris » à San Francisco. Très médiatisées, ces enchères étaient également suivies en ligne sur le site Interenchères et au téléphone par « 400 inscrits », avait dit le commissaire-priseur à la presse avant l’événement.
« Il y a beaucoup, beaucoup d’Américains. Ce sont des grands amoureux de Paris, mais il y a aussi des Italiens, des Brésiliens, des Asiatiques de Taïwan, Corée, Chine, Japon. »
Des centaines de milliers de ces cadenas étaient accrochés aux grilles des ponts de Paris, engendrant des problèmes de sécurité et dégradant le patrimoine, avant leur enlèvement. La mairie de Paris a décidé d’en vendre une petite partie, pour cette seule et unique occasion. Le « French Lover » part à 2.400 euros. Un lot en « pavé de Paris, de 7 kg avec le socle ! » est vendu 1.000 euros en quelques secondes.
« L’amour enchaîné »
Gaëlle Salaün, de Paris, a acheté 520 euros un lot « parce qu’il y avait un nom en espagnol dessus ». « Cela m’a plu. Et c’est aussi ma participation à l’action pour les réfugiés ». Jérôme Mellerio et son épouse ont acheté quatre « grappes » : « Que la vente aille au milieu associatif nous a touchés », dit-il, « et les cadenas sont mis en valeur ». James Velaise, de Paris, a acheté 11.000 euros une grille du Pont des Arts qui finira « dans le jardin d’une ferme de l’Aveyron. Ca a survécu en plein air à Paris, ça survivra là-bas », sourit le collectionneur d’art qui aime cette « oeuvre collective, qui a de l’histoire ». Quelque minutes plus tard, le Franco-britannique achète le plus gros lot, une grille de 3,20 m de long et 650 kg, pour un peu moins de 8.000 euros.
« Vous avez eu des ‘Nuances de Grey' », lance le commissaire-priseur, « vous avez maintenant ‘L’Amour Enchaîné’. 650 euros, 700, vous pouvez faire un don supplémentaire, c’est pour Emmaüs! adjugé 800 », lance-t-il.