Après le meurtre de deux jeunes femmes à l’arme blanche à Marseille dimanche 1er octobre, les responsables de l’islam dans le Rhône s’inquiètent, dans leur communiqué, du « mode opératoire utilisé ». Ils appellent « tous les Français » à « dénoncer ces actions barbares, qui ensanglantent notre pays ».
Anne-Bénédicte Hoffner , La Croix
Plusieurs fédérations musulmanes ont publié des communiqués au lendemain du meurtre à l’arme blanche de deux jeunes femmes à la gare Saint-Charles à Marseille.
L’assaillant, âgé d’une trentaine d’années et qui ne portait pas de papiers sur lui, a égorgé l’une des victimes et poignardé l’autre, avant d’être tué par des militaires de l’opération Sentinelle. Selon des témoins, cet homme connu pour des faits de droit commun sous plusieurs identités aurait crié « Allah Akbar ».
Dans son texte, le Conseil français du culte musulman (CFCM) condamne un « attentat lâche et barbare ». Il souligne également « la nécessité de rester unis dans la nation face à ces usurpateurs, qui n’ont aucune once de proximité avec les valeurs que prône l’islam, religion de paix universelle ».
« Qu’Allah nous protège et préserve notre concorde nationale », conclut l’instance représentative de l’islam en France.
Menace terroriste
« Cette attaque fait l’objet d’une enquête ouverte par le parquet antiterroriste », note de son côté l’ancien président du CFCM, Anouar Kbibech, à la tête du Rassemblement des musulmans de France. « Cette nouvelle attaque confirme que le niveau de la menace terroriste reste malheureusement extrêmement élevé », ajoute-t-il, appelant « la Nation tout entière à l’unité et à la solidarité ».
De leur côté, les responsables de l’islam dans le Rhône – Kamel Kabtane recteur de la Grande mosquée de Lyon, Azeddine Gaci recteur de la mosquée de Villeurbanne, et Benaissa Chana Président du CRCM Rhône Alpes, vont plus loin.
S’ils se bornent à évoquer « l’idéologie mortifère » de l’auteur du double meurtre, ils reconnaissent également que « cet acte barbare s’il nous répugne, nous inquiète par le mode opératoire utilisé pour assassiner nos deux compatriotes ».
Dénoncer ces actions barbares
« C’est pourquoi, nous appelons tous les Français, quelle que soit leur origine ou leur religion à se mobiliser ensemble pour dénoncer ces actions barbares, qui ensanglantent notre pays », écrivent-ils dans leur communiqué commun. « Mais aussi pour ne pas tomber dans les travers dans lesquels l’auteur ou ses commanditaires voudraient nous entraîner ».
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Dans l’ouvrage « Musulmans de France, la grande épreuve » (Éditions de l’Atelier), les sociologues Vincent Geisser, Omero Marongiu-Perria et Kahina Smaïl étudient la mobilisation musulmane depuis la vague d’attentats djihadistes qui ont frappé la France. Ils ont recensé « plus d’une centaine de déclarations, d’appels et de tribunes » depuis janvier 2015.
Une centaine de déclarations, appels et tribunes depuis janvier 2015
« Au-delà de la diversité des supports et des contenus, on trouve généralement une trame commune : condamnation des actes terroristes ; déclaration de leur non-conformité avec les valeurs du’vrai islam’; appel à l’unité nationale et à la cohésion sociale ; dénonciation des dégâts collatéraux (actes anti-musulmans) ; soutien aux pouvoirs publics dans la lutte contre le terrorisme ; proposition d’une action concrète (manifestation, rassemblement, prières, etc.) ».
Ces éléments se retrouvent, une nouvelle fois, dans les communiqués publiés après l’attentat de Marseille, à l’exception de « la proposition d’une action concrète ».
Anne-Bénédicte Hoffner