Du Coran à l’école laïque, Mohammed Harbi, une mémoire algérienne

Engagé dès l’âge de 15 ans au Parti du peuple algérien de Messali Hadj, étudiant à Paris, Mohammed Harbi fait partie des organisateurs du FLN en France. Affecté à Tunis, à partir de 1958, au gouvernement provisoire de la République algérienne, il participe aux négociations des accords d’Evian en mars 1962. Après le cessez-le-feu, il est l’un des principaux rédacteurs du programme du conseil national de la révolution algérienne, dit de Tripoli, qui se voulait la feuille de route de l’indépendance. Chargé par Ben Bella d’animer la mise en œuvre de l’autogestion, qu’il décrète pour l’économie en mars 1963, Mohammed Harbi est aussi celui à qui l’on doit l’introduction de l’autogestion dans le programme du FLN réuni en congrès en 1964.
Militant de la “gauche du FLN”, puis de l’opposition au régime militaire mis en place par colonel Boumédiène, à partir de juin 1965, Mohamed Harbi a toujours préféré refuser les compromis et les postes plutôt que de faire allégeance à ceux qui ont confisqué « l’espérance révolutionnaire ».
En 1973, il réussit à s’évader d’Algérie. En exil à Paris, Mohammed Harbi est devenu un universitaire reconnu. Historien de sa propre pratique, ses travaux ont aidé de nombreux chercheurs à décortiquer les mythes et réalités du mouvement national algérien, et à appréhender l’évolution d’une Algérie qu’il juge frappée d’une “immense régression culturelle”.