Au Mali, près de 2.000 élèves sont privés d’école depuis une semaine au nord-est de Bamako, où des groupes armés imposent leur loi. Ils exigent un enseignement exclusivement religieux et menacent les enseignants. Une pratique qui rappelle celle de Boko Haram au Nigeria.
article signé Eléonore Abou Ez etpublié sur le site géopolis.francetvinfo le 8 11 2018
Que s’est-il passé?
Des hommes armés sont arrivés à moto dans un village près de Banamba, à 140 km au nord-est de la capitale Bamako et ont regroupé les habitants dans la mosquée, selon le témoignage d’un enseignant cité par l’AFP. «Ils ont ont demandé de fermer toutes les écoles où l’on apprend le français et d’enseigner désormais le Coran.» Le même scénario s’est reproduit dans d’autres localités voisines où plus de 20 écoles sont fermées depuis une semaine.
Qui sont ces djihadistes?
Les hommes armés et enturbannés se sont présentés comme des fidèles du prédicateur radical Amadou Koufa. L’homme, dont le groupe est apparu il y a trois ans dans le centre du Mali, réclame ouvertement l’établissement d’une République islamique au Mali. Il est connu pour ses prêches enflammés contre l’Etat malien et contre la France «ennemie de l’islam».
Que fait l’Etat?
C’est la première fois que l’ordre de fermer les écoles est aussi explicite dans cette région qui se trouve à moins de 200 km de la capitale Bamako, ce qui inquiète la population.
Une opération «de grande ampleur» a été lancée début novembre et des suspects ont été interpellés, selon les autorités. Pas de quoi rassurer les habitants, les enseignants ou les élus locaux qui sont directement menacés. A l’occasion de la rentrée scolaire début octobre, l’Etat avait déjà promis de renfoncer la sécurité pour permettre aux enfants d’aller à l’école.
La région de Banamba marquée en rouge, où 20 écoles ont été fermées. © Capture d’écran
Plus de 700 écoles fermées
Près de six ans après la reprise de la région Nord tombée sous la coupe des djihadistes, les menaces pèsent sur les habitants du centre et du sud du Mali cette fois-ci. Dans ce climat d’insécurité, les écoles sont devenues une cible privilégiée des islamistes. «Se rendre à l’école relève parfois du défi», notait l’Unicef dans un rapport publié en juin 2018. On y apprend que des écoles ont été brûlées dans le centre du Mali par des hommes armés qui luttent contre l’éducation laïque.
Au plan national, au moins 750 écoles ont été fermées dans l’ensemble du pays en raison des menaces et de l’insécurité. Plus de 150.000 enfants sont ainsi privés d’éducation.
Intimidations, menaces, attaques… La stratégie des groupes armés au Mali rappelle celle de Boko Haram au Nigeria. Le groupe terroriste considère l’école comme un vecteur de l’éducation occidentale. Une stratégie destinée probablement à empêcher la scolarisation des enfants comme nous l’expliquions dans un article précédent.