La grande majorité des Français est favorable à la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat et entend garder cette loi «telle qu’elle est», selon une enquête Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès, un think tank proche du parti socialiste.
Le sondage a été réalisé entre le 8 et le 12 mars et on peut garder à l’esprit qu’il est intervenu après des débats d’actualité comme le « hijab de course » ou l’option testing de l’étudiante voilée de Montpellier dans une boutique de lingerie.
Selon cette étude, «87% des Français disent être favorables à la loi de 1905, qui garantit le libre exercice des cultes et impose le principe selon lequel l’Etat ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte». Autres enseignements: 83% des personnes interviewées approuvent la loi de 2004 qui interdit le port de signes religieux ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. Et 89% sont favorables à la loi de 2010 interdisant le port d’un voile intégral couvrant le corps et le visage dans la rue et les espaces publics.
Interrogés sur ce qu’apporte la loi de 1905 :
- 30% répondent d’abord qu’elle permet de «séparer les religions et la politique»
- 22% qu’elle «assure la liberté de conscience»
- 20% qu’elle permet de «faire reculer l’influence des religions dans notre société»
- 19% qu’elle place «toutes les religions sur un pied d’égalité»..
Sur certaines questions, l’IFOP détaille les résultats par confession déclarée.
- A la question « faut-il garder la loi de 1905 telle qu’elle est ? », l’ensemble des sondés répond oui à 71 %, avis partagé par 68% des catholiques et 66% des musulmans
- A la question « la laïcité française est en danger », 71 % des sondés répondent oui dont 78 % des catholiques et 55 % des musulmans
La plupart des commentateurs se rejoignent pour souligner le raidissement de l’opinion sur les questions liées à la laïcité, certains n’hésitant pas à parler du retour d’une « laïcité de combat » (la Croix). Une » crispation » attribuée généralement à la montée des thèmes identitaires dans les débats d’actualité ( burkini, hijab de course, testing Etam). Même si ces questions ne concernent pas la laïcité au sens légal du terme (la liberté est de mise dans l’espace public), elles ont marqué les esprits et creusé le clivage entre Français. L’IFOP a mesuré cet impact en interrogeant son panel sur deux de ces thèmes
- « burkini » : 78 % des sondés se disent aujourd’hui favorables à l’interdiction mais seulement 29% des musulmans
- « hijab de course » : 62% des personnes interrogées favorables « aux boycotts des entreprises proposant à la vente des « hijab de course », 24% des musulmans
A noter aussi un signal à ne pas négliger. Le fossé générationnel se creuse. Les 18-24 ans sont les moins attachés à la loi de 1905 (un peu plus de 60%), les plus accommodants avec les religions et les plus critiques concernant la loi de 2004.
Dernière enseignement de cette étude, si les Français se prononcent massivement pour la laïcité, la problématique n’apparaît qu’en 13 ème position des éléments déterminants pour le vote des prochaines élections européennes. La moyenne observée chez l’ensemble des Français se situe à 50%, 39% des musulmans sont dans cette situation.
Les résultats détaillés en suivant ce lien : L’intégralité de l’étude de l’IFOP
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 2.505 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans, selon la méthode des quotas, par questionnaire auto-administré, du 12 au 18 mars (marge d’erreur de 1,1 à 2,2 points).