L’extrême droite française n’a guère appréciée la reconnaissance officielle de l’assassinat de Maurice Audin, c’est peu dire (voir en fin d’article) mais tout le monde en Algérie non plus ! Pour le journaliste et écrivain Kamel Daoud, l’extrême droite algérienne n’est pas en reste en matière de révisionisme identitaire
tribune signée Kamel DAOUD et publiée sur le site du qoatidiend’Oran, le 15 09 2018
« Lu au matin, sur Echourouk, cette réaction d’islamistes, éditorialistes ou chef de parti, version extrême-droite algérienne, sur la décision de Macron de reconnaître l’assassinat de Maurice Audin : c’est une affaire qui concerne un Français, y lit-on en gros. Sous-entendu discret que la guerre algérienne est une guerre sainte, religieuse, menée par des musulmans contre des Français, chrétiens. On est dans le discours de la souche et de la race, fondamentaux des radicaux du monde entier. On est dans le registre des identitaires et de la pureté. On déduit du communiqué de ce parti islamiste et des éditorialistes organiques de ce courant «puriste» qu’Audin, même quand on lui concède, du bout des lèvres, la qualité de héros, convenance politicienne oblige, il reste Français, non-musulman. Bel exemple du révisionnisme confessionnel dans sa splendeur destructive. Toutes les nuances admirables ou tragiques de cette guerre de libération, les gestes héroïques des uns et des autres sont effacés par un édito ou un communiqué de parti, par leurs signataires nés après la guerre, bénéficiant de l’indépendance pour laquelle Audin est mort pour que eux puissent insulter les mémoires dans le confort et décider qu’Audin était Français plus qu’il n’était un militant qui s’est sacrifié. Petitesse d’esprit, ruses idéologiques et ridicule mauvais. On tente d’analyser mais c’est l’écœurement qui remonte.