Au Parc des Princes, mouiller le maillot pour lutter contre les violences intrafamiliales

Pour la journée des droits de l’enfant, 250 jeunes pris en charge par l’ASE ont foulé la pelouse du Parc des Princes. Au menu de la 2nd édition du Tournoi de l’Enfance : du foot, de la musique et des invités de marque. L’objectif était de sensibiliser à la cause des violences intrafamiliales et de rendre heureux les enfants concernés. Reportage. 
article par Ayoub Simour publié sur le site bondyblog.fr le 24 11 2022

« Aujourd’hui, sur cette pelouse mythique du Parc des Princes, il n’y a ni Mbappé, ni Messi, mais il y a plein de petites stars », s’émerveille le journaliste Mohamed Bouhafsi*, co-organisateur de l’événement avec la CNAPE, un regroupement d’associations qui agissent pour la protection de l’enfance.

Originaires des quatre coins de la France, 250 enfants pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE) ont été invités à passer un week-end dans la capitale. Un séjour bien chargé avec une sortie au Jardin d’Acclimatation, un film au Grand Rex et, le dimanche, ce tournoi de foot au sein du légendaire Parc des Princes.

« L’objectif est très simpledonner du plaisir aux enfants et leur permettre de rêver », explique Mohamed Bouhafsi. Durant le confinement, le journaliste avait révélé avoir été victime de violences intrafamiliales durant son enfance. Un témoignage qui avait pour but de sensibiliser la société à ces violences qui ont redoublé avec le confinement.

Le Tournoi de l’Enfance : une Ligue 1 en miniature

Le stade mythique, divisé en deux mini-terrains pour l’occasion, est le théâtre d’affrontements épiques. Le PSG, l’OM, le LOSC, l’OL… Les 20 clubs de Ligue 1 ont leur version miniature : les enfants âgés de 8 à 14 ans représentent leur ville. Les joueurs et les joueuses arborent fièrement les couleurs de leur équipe. Maillots, shorts, chaussettes, écharpes, doudounes… ils ont la totale, le tout a été fourni par les gros clubs.

Donner des moments de bonheur à ces enfants qui n’ont pas eu de chance

Assoiffés de victoire, les jeunes footballeurs en herbe ont, à chaque rencontre, huit minutes pour faire la différence. Une phase de poules départage d’abord les vingt équipes, puis les huit qualifiées s’affrontent lors de la phase finale à élimination directe. Présente sur place, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra se dit très heureuse qu’un tel événement ait été organisé : « Le sport permet de vivre des émotions géniales et est idéal pour donner des moments de bonheur à ces enfants qui n’ont pas eu de chance ».

Au-delà du foot, le moment se veut très convivial. Même éliminés du tournoi, les enfants peuvent profiter d’activités installées aux alentours du terrain : bowling géant, tennis-ballon, baby-foot… Tout est fait pour « divertir les petits et faire en sorte qu’ils s’amusent le plus possible, même quand ils ne sont plus dans la compétition », détaille Nathan, l’un des responsables des jeux gonflables de la société Foot Air.

Des rappeurs de renom pour l’occasion

Toute la journée, une enceinte diffuse les plus grands hits du rap français : « Au DD », « RR 9.1 »… En plus d’écouter leurs rappeurs préférés, les enfants peuvent aussi en voir quelques-uns en vrai. Fianso, Koba LaD ou encore Oli ont fait le déplacement. C’est aussi le cas du YouTubeur Inoxtag ou de Fif de Booska-P.

Entre deux matchs, les enfants, serviette autour du torse, se ruent vers les stars pour échanger, prendre quelques selfies et faire dédicacer leur maillot. « Partager un moment comme ça avec ces enfants, originaires de toute la France, c’est vraiment magnifique », sourit Fianso.  Le rappeur de Seine-Saint-Denis, tient un maillot du PSG floqué de son blaze et du numéro 119 – numéro d’urgence pour les enfants en danger.

On tenait à mettre en valeur l’action de tous les éducateurs de France 

Les soixante éducateurs présents sur place, pour encadrer les enfants qu’ils accompagnent au quotidien, prennent autant de plaisir que leurs petits protégés. « On s’est énormément attachés à ces gamins, qu’on voit plus que nos propres enfantsdonc aujourd’hui on ressent du bonheur en les voyant si heureux », déclare Bouba, éducateur à Troyes dans une MECS – Maison d’Enfants à Caractère Social.

C’est d’ailleurs aussi à eux, les éducateurs, que cette journée est dédiée : « On tenait aussi sincèrement à mettre en valeur l’action si essentielle de tous les éducateurs de France, qui s’engagent au quotidien pour tous ces enfants », précise Mohamed Bouhafsi.

Sensibiliser à la cause des violences intrafamiliales

Avant de lancer le coup d’envoi de la finale du tournoi, opposant le RC Strasbourg au PSG, Mohamed Bouhafsi prend le micro. « Tous ces enfants qui ont joué aujourd’hui font partie des 320 000 personnes protégées par la CNAPE. Ils ont tous besoin de retrouver le sourire », déclare, très ému, le journaliste de 30 ans.

La finale, comme l’ensemble du tournoi, est animée par Dandyguel, qui se donne à fond pour « faire kiffer les enfants ». Il n’hésite pas à leur donner le micro pour qu’ils fassent leur show. « On a tous été enfants, on sait à quel point c’est une période de la vie déterminante. Une période qui est pour eux très difficile, rappelle l’animateur. Donc moi, à ma petite échelle, j’essaye de faire en sorte qu’ils passent un moment inoubliable »

Si on commence à perdre espoir, les gamins n’en n’auront plus du tout

« On ne se rend pas compte mais ces gamins ont une vie vraiment compliquée, explique Bouba, l’éducateur à Troyes. Quand on les accueille, notre rôle,  c’est de faire tout ce qu’on peut pour rendre leur vie meilleure. On garde toujours espoir, même si ça prend du temps, même si c’est difficile. Si on commence à perdre espoir, les gamins n’en n’auront plus du tout ».

Ayoub Simour

*Mohamed Bouhafsi est le parrain de la 14e prépa Égalité des chances – ESJ Lille X Bondy blog.