C’est quand elle est allée à une exposition dans un musée que Mathilde a réalisé le privilège d’être blanche. Depuis, elle s’est documentée et milite, à son échelle.
Je croyais que ma place de petite sœur m’obligeait à rester à l’écart de ces histoires et qu’il se vexerait si j’essayais d’intervenir. Mais je suis sortie du silence qui me rongeait depuis trop longtemps, sans qu’il ne le sache. Les adolescents à qui j’essayais de faire comprendre la gravité et le racisme de leurs actes m’écoutaient. Pour eux, ma parole avait de la valeur et comptait. Certains ont pris conscience de leurs agissements et se sont excusés auprès de moi. C’était une victoire autant qu’une défaite : pourquoi mes mots comptaient-ils davantage que les maux de mon frère ?