La formation intensive lancée par l’Institut d’études politiques de Rennes doit permettre à 23 réfugiés de bâtir un projet professionnel en révélant leurs atouts. Ils ont fait leur rentrée ce lundi 29 janvier 2018. Article signé Laurent Le Goff / Ouest-France
« On vous voit tel que vous êtes, avec vos talents et vos compétences et pas comme des réfugiés. Cette formation doit vous aider à regarder vers l’avenir pour que vous retrouviez votre place, celle que vous méritez. Et sachez qu’on a beaucoup à apprendre de vous ! » Théo Scubla, cofondateur de l’association Wintegreat, a accueilli lundi à Sciences po Rennes la première promotion d’un programme d’insertion pour des personnes réfugiées, qui a déjà fait ses preuves dans neufs grandes écoles : ESCP Europe, Sciences (Paris, Lille, Bordeaux), Essec, HEC Paris, Les Mines Paris-Tech, Dauphine.
Sélectionnés parmi 77 candidats
23 réfugiés de différentes nationalités ont fait leur prérentrée en présence des bénévoles de sciences po qui vont faire un bout de chemin avec eux. De niveau bac ou équivalent, ils ont été sélectionnés parmi 77 candidats, à l’issue d’un entretien de motivation. Wintegreat s’est donné pour mission de révéler le potentiel des personnes réfugiées pour leur permettre de « retrouver un emploi sans déclassement ». Enseignants, personnels de l’administration, étudiants, anciens diplômés… quelque 120 volontaires vont les accompagner pendant un cursus de six mois visant à révéler leurs atouts professionnels.
La barrière de la langue
Le programme répond à trois défis : vaincre la barrière de la langue et trouver des repères culturels, avec 20 heures de cours hebdomadaires ; accroître la crédibilité des participants auprès des employeurs et des universités ; créer des relations sociales durables, avec l’appui d’une équipe de bénévoles qui réunit un mentor, un coach et un buddy (un compagnon de route, un copain). A la fin du semestre, les réfugiés recevront un certificat signé par Sciences po et Wintegreat qui atteste « leur assiduité et les progrès accomplis au cours du programme ».
Journaliste, pharmacien, avocat…
Masab a été journaliste en Syrie pendant 15 ans, jusqu’en septembre 2011 où il fut arrêté et emprisonné pour des écrits jugés hostiles à Bachar El-Assad. Contraint à l’exil avec sa famille, il se réfugie d’abord au Liban avant d’obtenir un visa pour la France. « Mon objectif est de retrouver un emploi de journaliste dans un média en France, mais il faut d’abord que j’améliore mon français à l’écrit. Cette formation à Sciences po va me permettre d’avancer dans mon projet », explique ce quarantenaire, prère de deux enfants.
Wintegreat cherche des soutiens
Nouredine, 30 ans, était étudiant en pharmacie au Soudan. Lui aussi a été contraint de quitter son pays. « J’aimerais reprendre mes études ici, et pour cela je dois renforcer mes connaissances en français. » Levon, 30 ans lui aussi, cherche un emploi de juriste. « A Saint-Pétersbourg j’ai obtenu mon diplôme d’avocat que j’espère pouvoir faire valider par équivalence en France. »