Éléonore Laloux, porte-parole du collectif « Les amis d’Éléonore », qui lutte pour l’inclusion des personnes handicapées, a accepté la proposition qui lui a été faite d’intégrer la liste du maire sortant d’Arras. Porteuse de trisomie 21, elle figurera en position éligible.
article par Clémence Houdailles publié sur le site lacroix.com, le 08 02 2020
Cela pourrait être une première en France. Une liste pour les élections municipales comporte, en position éligible, le nom d’une jeune femme porteuse de Trisomie 21. À 34 ans, Éléonore Laloux, jeune femme déterminée déjà connue pour avoir franchi les portes de ministères et de l’Élysée pour faire entendre la parole des jeunes porteurs de Trisomie, a répondu positivement à l’invitation que lui a adressé Frédéric Leturque, maire centriste d’Arras (Pas-de-Calais).
« Il y a 2 ans, j’avais eu une discussion avec Éléonore en lui disant” au regard de tout ce que tu fais pour la ville, as-tu déjà pensé à être candidate avec moi pour les élections municipales ?”, raconte sur sa page Facebook l’édile qui se représente aux prochaines municipales. Elle y a réfléchi et elle est là aujourd’hui ! »
Éléonore Laloux intègre donc, « en position éligible », souligne Frédéric Leturque, la liste Arras pour vous, « avec toute sa fraîcheur, sa franchise et sa positive attitude ». « Nous souhaitons qu’elle soit élue, qu’elle apporte son courage et son regard, poursuit-il. Ce sera un enrichissement mutuel. »
À lire aussi : Éléonore ou l’itinéraire d’une jeune fille obstinée Cette potentielle élue « pas comme les autres » « sera une élue à part entière », promet encore le maire sortant. Si elle est élue, elle sera accompagnée par Sylvie Noclercq, conseillère municipale déléguée à la santé et au handicap. « Nous serons également accompagnés et coachés pour relever ce défi ensemble », ajoute le maire.
Arras, une ville « solidaire, avec de la joie de vivre et plein de couleurs »
Lors de l’annonce de sa candidature, Éléonore Laloux a déclaré vouloir faire d’Arras une ville « solidaire, avec de la joie de vivre et qu’il y ait plein de couleurs ».
Née en 1985, Éléonore est devenue porte-parole, en 2010, du collectif Les amis d’Éléonore, lancé par ses parents pour dénoncer le renforcement de la stigmatisation de la trisomie 21 lors de la précédente révision des lois de bioéthiques. Protestant notamment contre la détection de la trisomie 21 lors d’un diagnostic préimplantatoire, Éléonore, alors âgée de 24 ans, était intervenue en personne au ministère de la santé pour donner une autre image de la trisomie, à travers son parcours obstiné jusqu’à l’autonomie acquise grâce à une embauche en CDI comme agent administratif à l’hôpital de sa ville natale. Elle a par la suite multiplié les rencontres avec des responsables politiques pour promouvoir l’inclusion des personnes handicapées.
Un documentaire sur grand écran
Elle vit à la résidence de l’îlot Bon-Secours, une expérience inédite d’habitat inclusif lancée par l’association Down Up présidée par Emmanuel Laloux, son père.
Éléonore, et les autres qui y vivent dans les 10 logements réservés à des personnes handicapées, sont le sujet du prochain documentaire de Laurent Boileau, J’irai décrocher la lune, qui devrait être en salle au printemps.