Menacés d’expulsion, un jeune Géorgien et sa famille soutenus par tout un collège

Sous le coup d’une OQTF avec toute sa famille, Zurabi, géorgien d’origine, a reçu le soutien de son collège. Professeurs comme élèves ne comprennent pas, d’autant que le jeune élève est considéré comme un exemple d’intégration. La famille a saisi le tribunal administratif pour contester la décision.

article et reportage publiés sur le site france3-regions.franctetvinfo.fr le 9 12 2022 

Dans la cour du collège Anatole France de Châteaudun, les élèves sont venus nombreux. « Zuca avec nous ! Zuca avec nous ! », scandent-ils en chœur. « Zuca », c’est Zurabi, leur camarade de classe géorgien qui vient de se voir, avec son frère et ses parents, délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Celle-ci devait prendre effet le 8 décembre 2022. Alors le jour-même, 350 élèves du collège et 40 membres de l’équipe municipale se sont mobilisés.

Le soutien de tout un collège
« Nous étions en conseil de classe de 3e mardi 6 décembre et à l’issue, nous avons appris qu’il avait cette OQTF, donc 2 jours avant », se souvient Marie Faucheux-Picard, professeure principale de Zurabi. « C’était très brutal et c’est un vrai choc pour toute l’équipe éducative, mais également pour ses camarades. Ils ne comprennent pas qu’ils ne vont plus revoir leur camarade de classe brutalement. »

Le 8 décembre, Zurabi et sa famille font leurs cartons, ils doivent quitter leur logement. « Le chef du Centre d’accueil de demandeurs d’asile est venu avec 3 gendarmes pour nous dire qu’on devait rendre les clefs et rentrer en Géorgie », témoigne le jeune élève de 3e.

 

Arrivé en France avec sa famille en 2018, Zurabi parle très bien français. « On connaît cet élève depuis 4 ans et on ne comprend pas parce que c’est un élève qui est investi, qui est un vrai citoyen. Il s’est engagé dans la lutte contre le harcèlement, il est encore en photo dans le hall pour une exposition sur ce sujet. C’est un élève moteur de la classe qui aide ses camarades, qui a appris le français en un temps record », assure sa professeure, au bord des larmes.

« Nous ne sommes pas en sécurité en Géorgie »

« Nous ne pouvons pas rentrer en Géorgie, car nous sommes menacés de mort là-bas« , assure Zurabi. Selon lui, son père s’est fait tirer dessus en 2008. Le tireur se serait fait arrêter, mais serait sorti de prison en 2012, avant de menacer à nouveau son père.

« En Géorgie, si vous avez de l’argent, vous avez tout et vous pouvez acheter tout le monde », raconte l’adolescent. Dès 2019, la famille de Zurabi demande l’asile en France. Celle-ci a été rejetée malgré les recours de la famille.

De son côté, malgré l’OQTF prononcée, le collège n’abandonne pas l’espoir de voir Zurabi rester en France. Sa professeure, Marie Faucheux-Picard assure que Zurabi pourrait obtenir le brevet avec mention. « Nous avons écrit des courriers à la préfèteLa famille de Zurabi est contrainte de faire ses cartons et de rendre l'appartement qu'ils occupaient à Châteaudun. • © Romane Sabathier - France Télévisions et au sous-préfet afin de témoigner du mérite de Zurabi et de notre incompréhension« , annonce-t-elle.

« Je suis surpris et touché. Je ne m’attendais pas à ce soutien. Par les professeurs, oui, mais par les élèves, je ne m’attendais vraiment pas à ça. » Zurabi

Une initiative qui ne plaît pas forcément à la préfecture d’Eure-et-Loir. « Je souhaite simplement dire à l’équipe pédagogique qui va m’adresser un courrier que nous sommes chacun dans notre rôle. Moi, je ne me mêle pas de la pédagogie et je leur demande de me laisser travailler », répond Françoise Souliman, la préfète d’Eure-et-Loir qui n’avait pas encore reçu le courrier.

Le tribunal administratif va trancher

La mère de Zurabi est bénévole au Secours populaire et son frère vient d’obtenir un CAP cuisine. Mais sans papiers, ils ne peuvent pour le moment pas travailler. Ils assurent vouloir tout faire pour rester ici et « aider la France« .

Son père quant à lui est malade. Une des raisons pour lesquelles la famille est venue en France. « Mon père avait des prothèses qui s’étaient infectées gravement, les médecins français sont très bons, c’est aussi pour ça qu’on avait choisi la France« , explique Zurabi. Ils ont d’ailleurs demandé un titre de séjour au titre « d’étranger malade« .