« Maison région solidaire », le premier centre d’hébergement pour les SDF du métro

Quelque 120 SDF seront accueillis sur un terrain que l’Etat aménage actuellement à Clichy pour créer la première “Maison région solidaire”. Ils voisineront avec un centre destiné aux demandeurs d’asile.

Article signé Anne Sophie Dannecour et publié sur le site leparisien.fr, le 24 09 2019

Le terrain est en friche depuis 2011. Mais des bâtiments modulaires vont bientôt pousser sur l’ancien site de l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales), sur les quais de Seine de Clichy-la-Garenne.

Ce vaste terrain, qui appartient à l’Etat, est en cours d’aménagement pour pouvoir accueillir deux structures d’hébergement provisoire.

La plus petite, d’une capacité de 120 places, sera dévolue à l’accueil des SDF du métro. Il s’agit de la première « Maison région solidaire » qui verra le jour en Ile-de-France.

Une promesse de Valérie Pécresse : la présidente de la région mais aussi d’Ile-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports en Ile-de-France, avait en effet annoncé fin mai vouloir « sortir les SDF du métro ». On estime que 250 à 300 personnes vivent toute l’année dans les souterrains du réseau ferré de la RATP.

« Il faut s’occuper d’eux, avait lancé Valérie Pécresse au printemps. Le métro n’est pas un centre d’hébergement d’urgence. C’est indigne. Cela crée aussi des problèmes de sécurité et de propreté ».

250 à 300 personnes vivraient toute l’année dans les souterrains de la RATP. LP/B.H.
250 à 300 personnes vivraient toute l’année dans les souterrains de la RATP. LP/B.H.  

La présidente tablait sur l’ouverture d’un premier centre avant la fin de l’hiver. Ce sera donc à Clichy.

« La ville de Clichy a été la première à répondre favorablement, alors que le projet de Maison région solidaire dans la capitale est retardé en raison de difficultés avec la Ville de Paris », précise le cabinet de Valérie Pécresse.

Le financement de cette opération, soit 3,4 millions d’euros, a été voté la semaine dernière en commission permanente. « D’autres projets sont en cours d’étude, mais qui ne sont pas encore finalisés », indique encore la région. Ce centre d’hébergement d’urgence sera géré par la Croix Rouge.

250 demandeurs d’asiles seront aussi accueillis sur place

Il ne sera pas seul sur ce terrain de 1,5 ha. Car il cohabitera avec une structure plus importante qui ouvrira aussi cet automne -la date n’est pas encore connue- à savoir un centre d’accueil provisoire pour demandeurs d’asile d’une capacité de 250 places.

Pour ce nouveau centre, c’est l’association Alteralia, notamment présente à Malakoff dans les anciens locaux de l’Insee reconvertis en hébergement, qui a été missionnée par la Drihl (Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement). Elle est liée à l’Etat par une convention d’occupation de deux ans, avant que le site ne soit dévolu à d’autres projets d’aménagement.

Malakoff, décembre 2018. C’est l’association Alteralia qui œuvre dans l’ancienne tour de l’Insee, reconvertie en centre d’hébergement de demandeurs d’asile. LP/E.D.
Malakoff, décembre 2018. C’est l’association Alteralia qui œuvre dans l’ancienne tour de l’Insee, reconvertie en centre d’hébergement de demandeurs d’asile. LP/E.D.  

A Clichy, le maire (DVD) Rémi Muzeau a donc donné son feu vert au projet. « Il y a 123 villes de petite couronne au sein du Grand Paris. Si chacune d’elle acceptait de jouer la carte de la solidarité, il n’y aurait plus personne dehors et sous le périphérique », estime-t-il.

Des garanties sur la sécurité

Le site accueillera les demandeurs d’asile pour une période d’environ six mois, qui correspond au délai d’instruction des dossiers. « Il s’agit de personnes qui sont déjà dans un parcours administratif et d’insertion et qui ont pleinement conscience des enjeux », explique Christophe Auger, directeur général d’Alteralia. Et de rassurer : « Le site sera doté de son propre PC sécurité avec vidéo protection et six agents en permanence. Pour rentrer, les personnes auront besoin d’un badge ».

« La volonté de l’Etat est de répartir équitablement les centres d’accueil »

Une quinzaine de travailleurs sociaux accompagneront les demandeurs d’asile dans leurs démarches. « Le centre va développer des activités comme des jardins partagés », explique Vincent Berton, secrétaire général de la préfecture, soulignant que le terrain de l’Etat « n’a pas de vis-à-vis direct, ni de voisinage direct » et que le projet « va contribuer à sécuriser la zone ».

Ce centre de Clichy portera à 1600 le nombre de places d’accueil dédiées aux demandeurs d’asile dans les Hauts-de-Seine, répartis sur onze communes : Anthony, Malakoff, Montrouge, Vanves, Meudon, Clamart, Boulogne, Nanterre, Gennevilliers, Bourg-la-Reine et donc Clichy.

« La volonté de l’Etat est de répartir équitablement les centres d’accueil sur l’ensemble du territoire », insiste Vincent Berton. Cette recherche d’équité et de transparence permet d’obtenir l’adhésion des maires ».