Handi-boxe : grâce à la boxe, les préjugés sur le handicap sont battus par KO

La jeune association Ring Loisirs 95, basée à Sannois, propose des ateliers handi-boxe d’initiation à la boxe pour des personnes en fauteuil, notamment.

article par Alexandre Boucher publié sur le site leparisien.fr, le 12 02 2020

« Ready ? Les mains en haut ! 1, 2, 2, 2, 1, 1 ! » Installée dans son fauteuil roulant, Mariola enchaîne les coups de poing à gauche et à droite. Le regard fixé sur les pattes d’ours, elle semble habitée d’une détermination à toutes épreuves. « Je relâche la pression ! » lance dans un grand sourire cette habitante de Franconville après avoir récupéré de son effort.

Comme elle, une dizaine d’adultes et d’enfants, hébergés en foyer de vie et instituts médico-éducatifs (IME), participent ce matin-là à un entraînement handi-boxe au gymnase Gambetta, à Sannois.

LP/A.B.

Parmi eux, certains concourront même lors de la troisième édition des Olympiades des établissements spécialisés, le 26 mai, au centre départemental de formation et d’animation sportives (CDFAS) à Eaubonne.

De l’initiation et du loisir avant tout
« Le but n’est pas d’en faire des boxeurs, même s’ils sont traités comme tels ici », précise Abdel Nasser Gaouaou, le président fondateur de la jeune association Ring Loisirs 95, qui propose cette activité chaque mercredi et samedi matin depuis le mois d’octobre. On fait de l’initiation, du loisir. »

Dans les faits, la pratique de l’handi-boxe, est « adaptée aux personnes ayant des difficultés motrices, intellectuelles ou psychiques ». On parle d’assaut et non de combat : les deux compétiteurs ne portent aucun coup sur le corps.

Debout, en fauteuil manuel ou électrique, l’apprentissage se fait au moyen d’exercices ludiques comme la « boxing-machine », qui permet de compter le nombre de coups donnés en un temps défini, ou encore le traditionnel « sac de frappes ».

«La boxe, c’est comme le handicap. Il y a beaucoup de clichés»
« Même quand j’étais valide, jamais je n’aurais pensé pratiquer la boxe, confie Mariola, en fauteuil depuis neuf ans à la suite d’un AVC. J’en avais l’image négative d’un sport violent, où on saigne. Mais en fait, la boxe, c’est comme le handicap. Il y a beaucoup de clichés qui l’entourent alors que c’est une discipline qui véhicule beaucoup de respect de soi et de l’autre. »

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La boxe représente aussi « un défouloir pour ces handicapées » selon Elvire Thellier, conseillère technique au sein du comité handisport du Val-d’Oise.
« Ça muscle les bras ! J’aime bien taper dans un sac de frappes », confirme Wesley, un résident du foyer de vie La Ferme du Château à Menucourt. « Quand on est en fauteuil, on emmagasine beaucoup de stress parce qu’on dépend des autres. La boxe permet de se décharger de ces émotions négatives. Ça apporte aussi de la maîtrise et de la confiance en soi », ajoute Mariola.

Une pratique encore trop méconnue
L’ouverture des clubs de boxe aux personnes handicapées reste néanmoins récente. « Il y a très peu de clubs qui proposent le handi-boxe en Ile-de-France », confie Elvire Thellier. Dans le Val-d’Oise, le club Ami Boxing à Herblay-sur-Seine organise des stages handi-boxing. « La fédération pousse à son développement », indique néanmoins Nasser Gaouaou, instructeur fédéral, prévôt et détenteur d’un diplôme dans le sport adapté.

Cet ancien boxeur amateur d’Argenteuil, également passé par les clubs des Mureaux (Yvelines) et Bouffémont, rêve désormais de mêler personnes valides et personnes en situation de handicap lors d’une même séance. « Au cours d’un stage fédéral d’entraîneur au Temple-sur-Lot (Lot-et-Garonne), on a accueilli 50 personnes en situation de handicap et 20 détenus. Cela a donné un moment de cohésion et de fraternité énorme. »

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