Ils ont voulu faire du bruit pour alerter sur la situation mais souhaitent rester discrets. Mercredi soir à Guyancourt, cinq jeunes habitants du quartier du Pont-du-Routoir n’ont pas hésité à aider une famille sans-abri
article de Thibaud Chereau publié sur le site leparisien.fr le 24 01 2020
Récemment expulsés d’un campement illégal de Roms à Montigny-le-Bretonneux, ces dix personnes dont plusieurs jeunes enfants ne sont pas des étrangers dans le quartier. « On les connaît de vue, explique Khalou, 32 ans, qui habite ici depuis toujours. Ils viennent souvent faire la manche à la sortie du supermarché. »
Une dizaine d’habitants offre des couvertures
Alors que la nuit tombe et que le thermomètre commence à descendre, la famille vient frapper à la porte de son restaurant, situé allée du commerce. « Aidez-nous » demande le petit groupe. Khalou les fait rentrer et offre un repas aux plus jeunes. Il appelle ensuite le Samu social pour trouver une solution.
La camionnette du 115 arrive dans la soirée et propose un hébergement d’urgence pour une partie de la famille seulement faute de place. Craignant d’être séparés, les membres refusent la proposition et restent au Pont-du-Routoir.
Les amis de Khalou, eux aussi des enfants du quartier, s’organisent. Samy, la trentaine, lance un appel à la générosité sur les réseaux sociaux et contacte les médias locaux. Ahmed, Mehdi, Samy ainsi qu’une dizaine d’habitants viennent spontanément offrir des couvertures, des boissons et de la nourriture à la famille. Mercredi soir, cette dernière aurait trouvé refuge dans un appartement inoccupé d’un des immeubles environnants. Le lendemain, Khalou et ses amis les accompagnent au centre social situé dans le quartier.
Hébergés dans un hôtel jeudi soir
Géré par le département, le secteur d’action sociale de Saint-Quentin-en-Yvelines, indique suivre plusieurs familles sans-abri récemment expulsées des campements de Montigny-le-Bretonneux. Celle qui avait trouvé refuge dans le restaurant de Khalou a pu finalement passer la nuit de jeudi au chaud, dans un hôtel des environs.
Au Pont-du-Routoir, Samy, Khalou, Ahmed et Mehdi restent modestes. « Ce qui leur arrive n’est pas normal, regrette Ahmed, éducateur spécialisé à Paris. Il faut informer les gens de cette situation. » À côté de lui Khalou, acquiesce. « Ici on a tous le sens du partage. Ça nous a tous fait bizarre de voir des enfants à la rue », ajoute le restaurateur.